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Skripal: Moscou accuse l’OIAC d’avoir trafiqué ses résultats

Selon Sergueï Lavrov, les analyses ont été effectuées par le laboratoire de Spiez, qui collabore avec l'OIAC depuis 1998 (archives). KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) La Russie a accusé l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) d’avoir trafiqué les résultats de son enquête sur l’empoisonnement de l’ex-espion Sergueï Skripal pour la mettre en cause. Selon elle, la substance BZ n’a jamais été utilisée en Russie.

Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, le laboratoire de Spiez (BE), spécialisé dans les menaces chimiques, a envoyé à l’OIAC les résultats de son analyse à partir d’échantillons prélevés à Salisbury (sud de l’Angleterre), où Sergueï Skripal et sa fille ont été empoisonnés.

“La substance BZ a été découverte dans tous les échantillons. Le BZ est un agent neurotoxique (…), cette substance était en service en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans d’autres pays de l’Otan. Elle n’a jamais été utilisée en URSS et en Russie”, a-t-il dit, en précisant que Moscou a reçu ces informations de manière confidentielle.

“Le BZ n’est pas mentionné dans le rapport de l’OIAC. Nous nous demandons pourquoi cette information, qui reflète les conclusions des spécialistes du Laboratoire de Spiez, a été omise dans ce document”, a poursuivi le chef de la diplomatie russe.

“Et si l’OIAC réfute sa collaboration avec le Laboratoire de Spiez, il sera intéressant d’écouter leurs explications”, a encore déclaré M. Lavrov.

Présence de Novitchok

Sergueï Lavrov précise toutefois que “les échantillons ont également révélé la présence dans sa forme originale et en concentration importante de l’agent neurotoxique A234”, un agent innervant de la famille Novitchok, avec lequel Londres accuse Moscou d’avoir voulu empoisonner l’ex-espion.

Mais pour le ministre russe, cette conclusion est “extrêmement suspecte” car une forte dose de A-234 aurait tué les Skripal et que cet agent, très volatile, ne pouvait être découvert sur place alors que plus de deux semaines s’étaient écoulées entre l’attaque et la collecte des échantillons.

Responsabilités pas établies

L’OIAC a annoncé jeudi que les analyses en laboratoire “confirmaient les découvertes du Royaume-Uni quant à l’identité de l’agent chimique toxique utilisé à Salisbury” pour empoisonner Sergueï Skripal et sa fille le 4 mars.

La substance chimique est d’une “grande pureté”, a précisé l’organisation, sans toutefois établir de responsabilités dans cette affaire où Londres accuse Moscou, qui clame son innocence.

L’empoisonnement de l’ex-agent double russe et de sa fille a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou d’un côté et Londres et ses alliés occidentaux de l’autre, se traduisant par la plus grande vague d’expulsions croisées de diplomates de l’histoire.

Le laboratoire de Spiez est rattaché à l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP). L’institut suisse pour la protection contre les menaces et les risques atomiques, biologiques et chimiques est un laboratoire de référence de l’OIAC depuis 1998.

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