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Sonnée, la presse fait part de ses craintes pour l’économie

(Keystone-ATS) Sonnée, la presse suisse hésite entre incompréhension et stupeur, au lendemain de l’abandon par la BNS du cours plancher face à l’euro. Elle estime que la décision fait courir de grands risques à l’économie tout en laissant beaucoup de questions en suspens.

L’annonce de Banque nationale suisse (BNS) de ne plus soutenir le cours de 1,2 franc pour un euro a fait l’effet d'”un coup de poing dans le foie”, coupant le souffle à l’économie, écrit “Le Matin”. Trois années de certitudes se sont envolées en une heure, ajoute le quotidien.

“La digue a cédé”, surenchérit le “Quotidien Jurassien” (QJ) . Face à une Europe qui n’arrive pas à redresser son économie, l’institut monétaire a préféré changer de cap avant l’épuisement, poursuit le journal. Même son de cloche du côté de “La Liberté”, qui voit un ras-le-bol de la BNS vis-à-vis des autorités européennes incapables de venir à bout de la crise de l’euro.

Il fallait débrancher une mesure devenue dangereuse au fil du temps, remarque “24 Heures”. La création de francs à l’infini pour empêcher le renchérissement “s’avère finalement sans issue” en raison des risques inflationnistes, explique l'”Agefi”. Le journal économique rappelle que la première mission de la BNS reste stabilité des prix.

La “Tribune de Genève” note d’ailleurs que les réserves de la BNS ont été multipliées par dix en quatre ans. Mais le journal genevois voit une capitulation face aux spéculateurs. Cette décision a fait perdre à la banque centrale une partie de sa crédibilité, poursuit-il. “Le Matin”, qui redoute des licenciements, doute même de la justesse de la décision, “après un sans faute de deux décennies”.

Naïveté de la BNS

Parlant d’un couac de communication, “Le Temps” se demande si la BNS n’a pas fait preuve de naïveté et n’a pas oublié son rôle de stabilisateur du marché et de l’économie. La “brutalité de l’annonce risque de faire des dégâts”, non seulement pour l’institut d’émission, mais aussi pour l’économie, note le quotidien. Les entreprises devront trouver des parades pour résister, comme elles avaient pu le faire lorsque l’euro est passé de 1,6 à 1,2 franc, abonde le QJ.

A trois jours du salon international de la haute horlogerie à Genève, les prix des montres viennent de s’envoler de 15%, s’indignent “L’Express” et “L’Impartial”. Les quotidiens neuchâtelois, tout comme le “Journal du Jura”, estiment que la BNS a laissé tomber l’industrie d’exportation et l’arc jurassien.

“Sonné”, “Le Nouvelliste” affirme, lui, que le tourisme prend la plus grosse gifle. Les signes de reprise, qui pointaient après six ans de disette, ont été “anéantis d’un gros coup de massue”. Dans tous les cas, l’envolée du franc suisse ne profitera pas aux consommateurs, qui “n’auront que des miettes vu la faiblesse des législations antimonopoles” en Suisse, assure “Le Courrier”.

Il faudra encore une fois relever la tête, ajoute “Le Nouvelliste”. Plus optimiste, le QJ se dit prêt “à parier sur la capacité du génie suisse à relever les imprévisibles défis”. Les conséquences de la décision de la BNS sont encore difficiles à prévoir, mais si cette affaire réussit, “c’est de génie dont il faudra parler”, conclut l'”Agefi”.

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