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Syrie: une trêve pleine d’inconnues entre en vigueur

Les rebelles sont en difficulté sur le terrain après avoir perdu la dernière bataille d'Alep (archives). KEYSTONE/EPA/MOHAMMED BADRA sda-ats

(Keystone-ATS) Une trêve entre régime et rebelles est entrée lundi en vigueur en Syrie en vertu d’un accord russo-américain qui exclut les groupes djihadistes. Elle concrétise un énième effort pour mettre un terme à cinq ans de conflit dévastateur.

La trêve est entrée en vigueur à 19h00 locales (18h00 heure suisse). En fin de journée, la coalition nationale de l’opposition, principal courant de l’opposition en exil et dont le poids est devenu limité, a approuvé du bout des lèvres l’accord l’instituant.

Celui-ci prévoit que si le cessez-le-feu tient, Washington et Moscou commenceront dans une semaine à frapper les organisations djihadistes Etat islamique (EI) ou Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda).

Processus menacé

Or ce dernier est une composante importante sur le terrain dans la lutte contre le régime. Dans une lettre, les rebelles mettent en garde les États-Unis sur les conséquences de telles frappes. Frapper Fateh al-Cham “suscitera une colère contre nous (les rebelles)” et mettra en péril le cessez-le-feu.

Dans plusieurs zones du pays, les rebelles sont en effet alliés aux djihadistes de Fateh al-Cham considérés comme “terroristes” par Washington et Moscou, ce qui pourrait constituer le principal obstacle à l’application de la trêve.

Pour sa part, Ahrar al-Cham, principal groupe rebelle allié de Fateh al-Cham, a critiqué la trêve. Selon lui, elle ne sert que les intérêts du régime, conforté par ses récents gains territoriaux et par le soutien indéfectible de ses alliés russe et iranien.

L’armée syrienne a elle annoncé le gel de ses opérations militaires pour sept jours aussitôt après l’entrée en vigueur de la trêve. Damas avait auparavant précisé vouloir “reprendre” tout le territoire syrien échappant à son contrôle.

Flou sur les zones concernées

L’accord stipule d’abord un cessez-le-feu de 48 heures dans toutes les régions à l’exception de celles où les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) et le Front Fateh al-Cham sont présents.

L’armée russe, qui aide militairement le régime syrien dans le conflit, a annoncé peu avant l’entrée en vigueur de la trêve, qu’elle suspendait ses attaques “sur tout le territoire” à l’exception des zones où se trouvent les groupes “terroristes”. Les noms de ces zones n’ont pas été précisés.

Le régime de Damas doit lui s’abstenir de mener des “missions aériennes de combat dans toute zone où se trouve l’opposition et sur laquelle on s’est mis d’accord”, avait indiqué le chef de la diplomatie américaine John Kerry en annonçant vendredi l’accord de trêve. Il n’a pas identifié ces régions.

L’accord préconise par ailleurs dès lundi un accès humanitaire sans entraves aux zones assiégées, comme Alep (nord), principal front du conflit. Il prévoit pour acheminer l’aide une “démilitarisation” de la route du Castello au nord d’Alep, unique axe de ravitaillement pour les rebelles avant sa prise en juillet par le régime.

Arrêter le bain de sang

L’annonce vendredi du cessez-le-feu, après des semaines de discussions entre les parrains de l’opposition et du régime, est censée permettre d’arrêter cinq ans d’effusion de sang.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a affirmé à l’agence RIA que “l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura devrait inviter toutes les parties (à des négociations) probablement au début octobre”.

Après des tentatives infructueuses, notamment en février, il reste beaucoup d’incertitudes sur la possibilité de mettre fin à une guerre qui a fait plus de 290’000 morts et jeté hors de chez eux des millions de Syriens.

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