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Syrie: Washington accuse Moscou d’aggraver dangereusement la guerre

(Keystone-ATS) Les Etats-Unis accusent la Russie d’aggraver “dangereusement” le conflit en Syrie par ses bombardements. Sur le terrain, des djihadistes et des rebelles se sont emparés de l’unique localité tenue par le régime syrien sur l’axe nord-sud dans l’ouest du pays.

“Moscou tente cyniquement de faire croire que ses frappes visent les terroristes, mais jusqu’ici 85 à 90% de ses bombardements ont visé l’opposition syrienne modérée”, au lieu des djihadistes de l’Etat islamique (EI), a déclaré mercredi devant une commission du Congrès américain la secrétaire d’Etat adjointe chargée du Proche-Orient, Anne Patterson.

“Et en dépit de nos exhortations, Moscou n’a pas encore arrêté la pratique atroce du régime de Damas de bombarder son peuple aux barils d’explosifs”, a-t-elle condamné.

Témoignant avec elle, la secrétaire d’Etat adjointe chargée de l’Europe et de l’Eurasie Victoria Nuland a déclaré que les Russes avaient commencé à déployer du matériel terrestre, notamment des pièces d’artillerie, pour appuyer les forces gouvernementales face à l’opposition modérée.

“Depuis le début des frappes russes, au moins 120’000 Syriens ont été déplacés”, a par ailleurs ajouté Mme Patterson. L’ONU avait donné les mêmes chiffres la semaine dernière, mais sans montrer Moscou du doigt.

Pic migratoire en Grèce

Selon Mme Nuland, “depuis que les opérations de combat de la Russie ont commencé en Syrie, la Grèce a enregistré son flux migratoire hebdomadaire le plus élevé pour 2015, avec environ 48’000 réfugiés et migrants passés de la Turquie à la Grèce”.

Selon des responsables américains, près de 4000 soldats russes sont présents en Syrie. Ils ont essuyé des pertes.

Le ministère russe des affaires étrangères a refusé de s’exprimer sur les effectifs présents en Russie et sur les pertes que l’armée a enregistrées. Selon le Kremlin, les soldats russes ne sont pas engagés dans les combats au sol, même si des instructeurs et des conseillers sont présents aux côtés de l’armée syrienne.

Le seul décès reconnu par le gouvernement russe est celui d’un militaire qui se serait suicidé, une version dont doute la famille du soldat.

Recul pour le gouvernement

Sur le terrain, des djihadistes et des rebelles se sont emparés jeudi de l’unique localité tenue par le régime de Bachar al-Assad sur l’axe nord-sud dans l’ouest du pays, au terme de plusieurs mois de combats avec des milices progouvernementales.

Le groupe djihadiste “Djound al Aksa et des groupes de l’opposition se sont emparés de Morek après une violente offensive”, a souligné l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), proche des opposants modérés au régime de Bachar al-Assad. Djound al Aksa a confirmé s’être emparé de la localité.

“Elle a été complètement libérée ce matin”, a confirmé Farès al Bayouch, chef de file du Foursan al Hak, mouvement membre de l’Armée syrienne libre (ASL) et qui a participé aux combats. Un autre chef rebelle a annoncé la prise de la ville.

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