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Syriza s’allie avec la droite souverainiste contre l’austérité

(Keystone-ATS) Les adversaires de l’austérité ont pris lundi les commandes en Grèce avec le nouveau premier ministre Alexis Tsipras. Le représentant de la gauche radicale s’est allié avec un parti de droite souverainiste pour gouverner, ce qui laisse augurer de négociations difficiles avec l’Union européenne.

L’Europe a d’ores et déjà prévenu Alexis Tsipras qu’elle n’est pas prête à effacer la dette du pays dont Syriza réclame la restructuration. Or, c’est la ligne la plus ferme vis-à-vis des créanciers UE et FMI qui semble l’avoir emporté avec l’annonce d’un accord de gouvernement entre Syriza et le petit parti de droite souverainiste des Grecs indépendants (ANEL).

Les deux formations vont cumuler une majorité de 162 sièges (149+13) sur les 300 du parlement. Désigné premier ministre lundi après-midi, Alexis Tsipras devrait annoncer la composition de son gouvernement d’ici mercredi.

Scène inédite: le chef de la gauche grecque s’est dispensé d’une prestation de serment religieuse, comme le veut la tradition, optant pour une cérémonie civile. Son nouvel allié souverainiste est lui réputé proche de l’Eglise orthodoxe, non séparée de l’Etat, et défend des positions conservatrices sur le plan des moeurs, à l’opposé de Syriza.

Réserve allemande

C’est d’Allemagne, dont la position sera déterminante, que sont venues les réactions les plus réservées face à la nouvelle donne politique en Grèce. Pour la chancelière allemande Angela Merkel, le nouveau gouvernement grec doit “respecter les engagements pris” par son prédécesseur. Une réduction de dette est exclue, a averti de son côté le ministère allemand des Finances.

“Faire partie de la zone euro signifie qu’il faut respecter l’ensemble des accords déjà passés”, a renchéri le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, alors que les ministres des Finances de la zone euro étaient réunis lundi à Bruxelles.

La Grèce, même si elle est parvenue à stabiliser ses finances après avoir frôlé la faillite, est toujours sous perfusion de l’EU et du FMI qui lui ont octroyé 240 milliards d’euros (243 milliards de francs) de prêts depuis 2010. En échange, Athènes a dû accepter un catalogue de réformes structurelles et d’une stricte politique de rigueur.

A la recherche d’alliés

L’enjeu pour le nouveau premier ministre grec sera de trouver des alliés parmi les membres de la zone euro pour faire bouger les lignes.

Les regards de Syriza sont tournés vers l’Italie, dont le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a estimé que “le résultat grec, s’il est géré politiquement par la Grèce et l’Union européenne avec des négociations flexibles et réalistes, favorisera la demande de mettre un terme à la rigidité que nous, Italiens, avons toujours réclamée”.

Côté français, le président François Hollande a été parmi les premiers à féliciter M. Tsipras avec bienveillance, tout en le rappelant à “l’esprit de responsabilité”. Il est également le premier, lundi, à avoir officiellement invité le nouveau Premier ministre grec qu’il souhaite voir “rapidement à Paris”.

S&P menace

A la différence des marchés financiers plutôt indifférents à la victoire de Syriza, peu convaincus d’une résurgence de la crise de la dette en zone euro, la bourse d’Athènes accusait le coup en clôturant à -3,20%.

De son côté, l’agence de notation Standard and Poor’s a annoncé qu’elle pourrait abaisser la note souveraine de la Grèce sans attendre la date de son prochain examen prévu, mi-mars, si la situation financière d’Athènes se dégrade.

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