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Tariq Ramadan: doutes sur la version de la première plaignante

(Keystone-ATS) De récentes investigations concernant les accusations de viols visant Tariq Ramadan en France ont de nouveau mis à mal la version de la première plaignante. Cette dernière, Henda Ayari, était confrontée jeudi pour la première fois à l’islamologue suisse.

L’enquête, menée notamment par la brigade criminelle, a récemment établi que Mme Ayari se trouvait à un mariage à Rouen, à 130 km au nord-ouest de Paris, le jour où elle prétend s’être fait violer. L’AFP a eu connaissance d’éléments qui confirment une information du Point.

En octobre 2017, cette ancienne salafiste devenue une militante laïque avait porté plainte contre le théologien musulman de 55 ans, inculpé de viols et incarcéré depuis le 2 février. Elle avait d’abord affirmé avoir été violée au début du printemps 2012, dans un hôtel de l’est parisien. Elle avait ensuite fait évoluer son récit, évoquant alors la date du 26 mai 2012 et un lieu précis: l’hôtel Crowne Plaza de la place de la République.

Accusations maintenues

“Elle a recherché des dates. Elle a eu tort parce qu’elle aurait dû dire finalement : +Je ne sais pas+”, a admis jeudi l’avocat de la plaignante, Me Francis Szpiner, ajoutant que cela ne remettait pas en cause les accusations, que sa cliente a maintenues face au théologien.

“C’était difficile de revoir la personne qui m’a violée. Mais j’ai réussi à répondre à toutes les questions des juges et je suis soulagée d’être venue à cette confrontation”, a déclaré Mme Ayari.

Le conseil de Tariq Ramadan, Me Emmanuel Marsigny, a dit qu’il allait formuler une nouvelle demande de remise en liberté pour son client. “Il n’y a plus pour moi de dossier Ayari puisqu’on est incapable de savoir quand et où le prétendu viol aurait eu lieu.

Témoignages de proches

Ce sont les témoignages de proches de Mme Ayari qui ont permis aux enquêteurs d’établir son emploi du temps du 26 mai 2012 et sa présence au mariage de son demi-frère. A commencer par celui de son fils aîné, confirmé ensuite par le demi-frère en question.

Ce dernier a aussi transmis aux enquêteurs deux photographies de son mariage sur lesquelles il apparaît avec son épouse et Henda Ayari. Il a précisé qu’elle était arrivée vers 20h00 et était repartie aux alentours de 03h00 du matin. La date de ce mariage a été confirmée par la mairie de Rouen aux enquêteurs.

Concernant le lieu, les enquêteurs ont sollicité l’hôtel Crowne Plaza, qui a confirmé que l’islamologue avait prévu d’y séjourner entre le 25 et le 27 mai 2012. Mais il avait annulé sa réservation le 4 mai.

Deux autres plaintes

Deux autres femmes accusent en France Tariq Ramadan de les avoir violées. Pour la première, le théologien est aussi inculpé de viol sur personne vulnérable. Concernant la seconde, il est pour le moment placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté.

Le théologien musulman nie vigoureusement tout viol. Il a cependant reconnu avoir eu une relation extraconjugale avec la seconde, une ancienne escort-girl, protagoniste du procès pour proxénétisme de l’hôtel Carlton aux côtés de l’ancien directeur du FMI, le Français Dominique Strauss-Kahn.

En garde à vue, l’islamologue a reconnu avoir rencontré Henda Ayari et la personne vulnérable en public. Il les a vues une seule fois chacune, mais a nié tout rapport sexuel.

Les auditions de ses proches font apparaître que Henda Ayari entretient des relations difficiles avec eux, selon les éléments de l’enquête portés à la connaissance de l’AFP. Son fils aîné affirme ainsi ne plus avoir le droit de la voir après une décision de justice, liée à des menaces de mort proférées à l’encontre de sa mère lorsqu’il avait 17-18 ans et qu’il vivait en foyer.

Il a décrit aux enquêteurs une femme “malade”, “très, très, très dangereuse mais très intelligente”, qu’il préfère appeler “Henda” plutôt que “maman”. Le demi-frère de Henda Ayari a lui affirmé, lors de son audition, avoir cessé toute relation avec elle depuis qu’elle a publié un livre avec “beaucoup de choses fausses” sur sa famille.

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