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Tentacules de la ‘Ndrangheta en Suisse

Le procès contre un membre présumé de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, s'est ouvert devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone (archives). KEYSTONE/TI-PRESS/PABLO GIANINAZZI sda-ats

(Keystone-ATS) Un Italien de Longeau (BE) a répondu mardi de l’accusation de participation à une organisation criminelle lors d’un procès au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone. Il est soupçonné d’appartenir à la ‘Ndrangheta, organisation mafieuse.

Agé de 61 ans, marié et père de famille, le prévenu est né en Calabre. Il se dit employé mais, à en croire un témoin entendu à Bellinzone par le biais d’une vidéo-conférence depuis la Calabre, l’accusé aurait géré des night-clubs, “des bordels”, dans la région de Bienne.

L’audition de ce témoin, par ailleurs ami et concitoyen de l’accusé, a eu lieu depuis le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone (TPF). Filmé de dos, cet homme, arrêté en 2010 et condamné à une lourde peine, est actuellement aux arrêts domiciliaires. Il a longuement raconté au président du TPF puis au procureur fédéral Sergio Mastroianni les rouages, les règles, les valeurs et les codes d’honneur de la ‘Ndrangheta.

Le prévenu aurait bien “grandi au sein des familles historiques de l’organisation, mais il n’y était pas lui-même affilié”. Et c’est sur cet élément de non-affiliation officielle à l’organisation criminelle que l’avocat du prévenu, Me Costantino Testa, de Berne, va tabler.

“Non coupable”

“Le reste” a dit ce dernier à Keystone-ATS, “compte bien peu”. Le reste, ce sont les affirmations du témoin selon lesquelles l’accusé a bien acheté illégalement des armes en Suisse pour le compte des clans calabrais de la ‘Ndrangheta, et qu’il les a en partie personnellement transportées en Italie, dissimulées à bord de voitures utilisées pour l’occasion.

Selon ce témoin, il a également bien demandé l’aide de la ‘Ndrangheta pour la surveillance armée de champs de cannabis en Suisse, dans le canton de Berne notamment. Et il a aidé à la fourniture de cannabis et à la fuite de membres de la ‘Ndrangheta en Suisse.

La défense se fait fort, vendredi prochain, de démonter l’ensemble de ce témoignage. L’accusé pour sa part plaide non coupable.

Réquisitoire et plaidoiries

L’accusé répond également de recel pour avoir acheté un pistolet provenant d’un vol, d’infraction à la loi fédérale sur les armes pour avoir détenu plusieurs revolvers et munitions sans être au bénéfice du port d’armes ainsi que d’infraction à la loi fédérale sur les stupéfiants.

Le MPC lui reproche en outre d’avoir participé à de nombreuses réunions de la ‘Ndrangheta en Lombardie et en Calabre, d’avoir assisté à des cérémonies d’affiliation de nouveaux membres et d’avoir activement pris part à l’opération dite “Crime de Turin”. La mafia calabraise avait alors, de 2003 à 2004, commis plusieurs actions sanglantes à Turin et dans les environs.

Le procès reprendra le 12 octobre avec le réquisitoire du procureur et les plaidoiries des avocats de la défense. La sentence sera rendue ultérieurement.

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