Des perspectives suisses en 10 langues

Textile: cadre de travail amélioré par l’OIT et la Banque mondiale

Des ouvriers d'usines de textile au Bangladesh ont été tués à plusieurs reprises ces dernières années dans des accidents (archives). KEYSTONE/EPA/ABIR ABDULLAH sda-ats

(Keystone-ATS) Les conditions de travail dans des centaines d’usines de textile de pays en développement se sont améliorées, sans entamer la productivité. Une étude a salué lundi à Genève les efforts de l’OIT et de la Banque mondiale.

“Better Work” (“Meilleur travail”) a été lancé en 2009 par l’Organisation internationale du travail (OIT) et la Société financière internationale (SFI) qui dépend de la Banque mondiale. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) soutient ce dispositif prévu auprès de 1300 usines employant au total plus de 1,6 million de travailleurs, dont 80% de femmes.

Better Work est actif au Bangladesh, Cambodge, Indonésie, Vietnam, Jordanie, Haïti et Nicaragua. Dans les cinq dernières, le programme a contribué à des améliorations qui ont “bénéficié à 3 millions de travailleurs”, s’est réjoui devant la presse le chef de Better Work, Dan Rees.

Pour rappel, des usines au Bangladesh ont été victimes à plusieurs reprises d’effondrement ces dernières années. Plus de 1100 personnes étaient décédées en 2013.

Sept dollars en plus

Parmi les enseignements tirés de l’encadrement offert, les journées de travail ont été raccourcies, les rémunérations augmentées et le recours abusif aux contrats à l’essai abandonné. Après trois ans de programme, le salaire hebdomadaire s’est amélioré en moyenne de 7 dollars et le nombre d’heures travaillées s’est réduit de 3,5 unités, a précisé la responsable de l’évaluation Drusilla Brown.

L’écart salarial entre hommes et femmes a notamment été diminué en Haïti, au Nicaragua et au Vietnam. Autre volet, l’efficacité du syndicat pour résoudre un problème est mieux considérée par le patron. Au Nicaragua, les ouvriers redoutent moins d’être congédiés s’ils rejoignent une centrale syndicale.

Des avancées ont également été constatées sur les pratiques coercitives contre les travailleurs. En Jordanie, les déclarations de harcèlement sexuel ont notamment reculé de 18%, même si cette préoccupation reste importante dans plusieurs pays.

Appel aux clients

Autre problème, des usines continuent de pousser les travailleurs à un nombre trop important d’heures supplémentaires. Et malgré un recul de 40% au Vietnam, la moitié des entreprises sont toujours ciblées.

L’un des défis les plus importants sera d’établir les avancées dans la durée, selon Mme Brown. Les clients ont également leur contribution à apporter. Plus ils mettent de temps à payer leur facture, plus les salaires sont bas, a expliqué la chercheuse.

Toutes les améliorations n’ont pas pour autant entamé la compétitivité des entreprises. Les femmes contremaîtres qui ont été accompagnées par Better Work ont contribué à augmenter la productivité de leur usine de 22% par rapport à celles qui n’en ont pas bénéficié.

Participation de milliers de personnes

Un lien direct est établi entre de meilleures conditions de travail et des profits accrus pour les entreprises. Au Vietnam, seul pays évalué sur ce point, les bénéfices bruts des entreprises encadrées ont augmenté en 4 ans de 25%. Par ailleurs, dans les pays décortiqus, après trois ans de programme, un travailleur met en moyenne environ 1h20 de moins pour atteindre le même objectif.

Les responsables de Better Work appellent tous les acteurs des chaînes d’approvisionnement mondiales à collaborer, des dirigeants politiques aux usines et aux travailleurs en passant par les ONG, marques et les détaillants. Le programme montre l’intérêt “de conditions de travail de bonne qualité”, affirme M. Rees qui appelle les gouvernements à renforcer les moyens de contrôle.

Environ 15’000 ouvriers du textile et 2000 directeurs d’usine de cinq pays ont contribué à l’évaluation indépendante. Les données sur les employés d’usines au Cambodge et au Bangladesh sont actuellement rassemblées.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision