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Théâtre: la Comédie-Française ouvre le 70e Festival d’Avignon

La 70e édition du Festival de théâtre d'Avignon se tient jusqu'au 24 juillet (archives). Keystone/AP/CLAUDE PARIS sda-ats

(Keystone-ATS) C’est l’événement du 70e Festival d’Avignon en France, le plus grand rendez-vous théâtral d’été en Europe: le retour, après 23 ans d’absence, de la Comédie-Française avec “Les Damnés”, d’après le scénario du film de Visconti, adapté par Ivo van Hove.

Le Belge, qui a déjà signé à 57 ans une centaine de spectacles dont plusieurs adaptations de films, comme “Rocco et ses frères” et “Ludwig” de Visconti, est considéré comme un des géants européens de la scène théâtrale. Il dirige à Amsterdam le Toneelgroep, une des compagnies les plus inventives d’Europe, avec une troupe permanente comme la Comédie-Française.

“Les Damnés”, sorti sur les écrans en 1969, raconte la descente aux enfers en 1933 d’une grande famille allemande, propriétaire d’aciéries convoitées par le Reich. De compromis en assassinats, la famille bascule dans la haine et le nazisme.

“Le spectacle raconte très clairement comment une société qui était considérée comme arrivée à un point de haute culture, de grand progrès, qui avait été une grande démocratie, comment un pays civilisé consent à la barbarie”, raconte Denis Podalydès, qui joue le rôle de Konstantin, fils cadet de la famille et membre des SA.

“Des résonances aujourd’hui”

La pièce s’ouvre sur des images d’archives de l’incendie du Reichstag. Mais bien que située très clairement dans son époque, elle a “des résonances aujourd’hui”, souligne Ivo Van Hove.

“On voit partout, en Europe mais aussi dans le monde, en Amérique, une montée des populismes et de l’extrême droite. Il y a quelque chose qui donne à réfléchir, quand un chef d’Etat, un politicien nous dit de suivre nos sentiments profonds, nos pulsions”.

“Les Damnés” sont aussi une tragédie familiale: Martin, le jeune héritier des aciéries, bascule dans le nazisme par haine de sa mère, dont il n’a pas reçu l’amour qu’il espérait. Le jeune homme à l’identité sexuelle ambigüe est formidablement incarné par un des jeunes comédiens du Français, Christophe Montenez, dans une distribution de haut vol (Guillaume Gallienne, Eric Génovèse, Elsa Lepoivre, Loïc Corbery…)

Le choix d’Ivo van Hove pour diriger la troupe répond “au désir profond de se confronter à d’autres metteurs en scène”, souligne Denis Podalydès. Avec le metteur en scène belge, “on est dans un monde qui fait se croiser théâtre et cinéma de façon extrêmement savante et créatrice et c’est passionnant”. Sur scène, un caméraman évolue comme un chat, filmant, souvent en gros plan, les acteurs dont l’image est projetée en fond de plateau.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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