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Thomas Jordan appelle à stabiliser les prix à moyen terme

(Keystone-ATS) La politique monétaire doit se concentrer sur son mandat initial de stabilisation des prix. A Jackson Hole, aux Etats-Unis, le président de la Banque nationale suisse (BNS) a critiqué les “petits réglages” opérés à court terme pour contrôler le taux d’inflation.

“Dans un contexte de bouleversements majeurs au niveau mondial, les petites économies ouvertes doivent accepter de vivre temporairement avec une inflation sous-optimale. C’est actuellement le cas en Suisse”, a relevé vendredi Thomas Jordan. Il s’exprimait lors de la 39e réunion des banquiers centraux, qui se tient de jeudi à samedi.

Et de mettre en avant les capacités “démontrées” des entreprises suisses à affronter de telles situations, grâce à leur “force d’innovation” notamment, selon la version écrite de son discours.

Mesure temporaire

Le président de la BNS n’exclut cependant pas la possibilité de recourir à des instruments non conventionnels, dans le cas où la monnaie est surévaluée et que les outils usuels ne suffisent plus. Mais ces mesures doivent être maniées avec précaution et dans une durée limitée. “Elles doivent en outre servir l’objectif premier de l’institution qui vise une stabilisation des prix à moyen terme”.

Le banquier central faisait référence au cours plancher de 1,20 franc pour un euro, dont il justifiait une nouvelle fois l’abandon au début de l’année. La mesure devenait “insoutenable”, selon Thomas Jordan. Il devenait évident que la zone euro assouplirait sa politique monétaire. Et ce alors que les signes se précisaient quant à un relèvement prochain des taux aux Etats-Unis.

La Fed au centre

Un élément capital qui est d’ailleurs au centre de l’attention à Jackson Hole. En filigrane des discussions transparaissent des interrogations sur le moment que choisira la Réserve fédérale américaine (Fed) pour relever ses taux. Et ce même en l’absence de la présidente de l’institution, Janet Yellen.

Les banquiers centraux estiment que les prix sont stables lorsque la hausse annuelle de l’indice des prix à la consommation s’inscrit entre 0 et 2%.

Les biens et services aux Etats-unis ont renchéri de 0,2% en juillet, par rapport au même mois de l’an dernier. Mais l’inflation sous-jacente, qui ne tient pas compte des prix volatils de l’énergie et des denrées alimentaires, s’inscrit à 1,8%, soit dans le haut de la fourchette. Une hausse des taux d’intérêt tendrait à accentuer la pression sur la masse monétaire et freinerait le renchérissement.

Baisse des prix de produits importés

En Suisse, en revanche, les prix à la consommation ont baissé de 1,3% sur un an en juillet. La baisse était de 0,7% en 2012 et de 0,2% en 2013, tandis que l’an dernier, ils étaient stables. L’inflation négative de ces dernières années est principalement à mettre sur le compte d’une baisse des prix des produits importés, selon Thomas Jordan.

Pour l’année en cours, la BNS prévoit une inflation annuelle à -1%. Le taux d’intérêt négatif de -0,75% appliqué depuis janvier aux avoirs en comptes de virement, ainsi que de nouvelles interventions de l’institution sur le marché des changes “si nécessaire” devraient à terme affaiblir la devise helvétique.

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