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Tillerson dénonce les actions “déstabilisatrices” du Hezbollah

Le secrétaire d'Etat Rex Tillerson a été accueilli par le président libanais Michel Aoun. KEYSTONE/AP/HUSSEIN MALLA sda-ats

(Keystone-ATS) Le chef de la diplomatie étasunienne Rex Tillerson a affirmé jeudi que l’engagement du Hezbollah libanais dans le conflit en Syrie avait des “effets déstabilisateurs” au Moyen-Orient. Il s’exprimait lors d’une visite de quelques heures à Beyrouth.

Le puissant mouvement armé du Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise et allié de l’Iran, est considéré comme un groupe “terroriste” par Washington. Il est le seul parti libanais à ne pas avoir abandonné son important arsenal militaire après la guerre civile (1975-1990).

Le mouvement chiite combat au côté du régime syrien de Bachar al-Assad, dont le départ est réclamé par les Etats-Unis pour mettre un terme au conflit qui déchire ce pays depuis 2011.

Sécurité du Liban menacée

“L’engagement du Hezbollah dans les conflits régionaux menace la sécurité du Liban et a des effets déstabilisateurs sur la région”, a souligné M. Tillerson, lors d’une conférence de presse au côté du Premier ministre libanais Saad Hariri.

“Sa présence en Syrie a perpétué le bain de sang, augmenté le déplacement de populations innocentes, et renforcé le régime barbare d’Assad”, a-t-il martelé.

Il s’agit de la première au Liban d’un responsable étasunien de ce rang depuis quatre ans. Après Beyrouth, M. Tillerson, qui a effectué une tournée au Moyen-Orient, s’est rendu en Turquie.

Grâce à l’appui du Hezbollah et surtout de l’allié russe, le régime d’Assad a réussi à reprendre la main dans le conflit, multipliant les victoires face aux rebelles et aux djihadistes, jusqu’à reconquérir plus de la moitié du territoire syrien.

Hezbollah cible de sanctions

M. Tillerson s’était montré plus conciliant la veille en Jordanie, en estimant qu’il fallait “reconnaître” que le Hezbollah faisait partie “du processus politique au Liban”.

Ennemi juré d’Israël qu’il a combattu ces dernières années, le Hezbollah et ses cadres sont la cible de sanctions économiques et bancaires des Etats-Unis.

Réserves d’hydrocarbures

Lors de sa visite à Beyrouth, M. Tillerson s’est entretenu avec plusieurs dirigeants, dont M. Hariri et le président Michel Aoun, des récentes tensions entre le Liban et Israël, notamment sur le dossier des explorations d’hydrocarbures en Méditerranée et le tracé de la frontière. Les deux pays voisins sont techniquement en état de guerre.

Le Liban vient de signer son premier contrat de prospection avec un consortium alliant le français Total, l’italien ENI et le russe Novatek. Deux blocs sont concernés, notamment le bloc 9, dont une partie se trouverait dans une zone maritime disputée avec Israël.

Mur frontalier

Les autorités libanaises ont en outre haussé le ton au sujet de la construction par l’Etat hébreu d’un mur frontalier en béton qui, selon Beyrouth, empiéterait en partie sur son territoire.

“Il y a des contacts avec les gouvernements du Liban et d’Israël pour faire en sorte que la frontière reste calme”, a dit M. Tillerson. “Nous sommes engagés à aider le Liban à prospérer à travers l’exploitation de ses ressources naturelles, en accord avec tous ses voisins”.

De son côté, M. Hariri a évoqué de “nouvelles idées qui seront exploitées” pour résoudre le différend. “Ce qui est à nous est à nous, et ce qui est à Israël est à Israël”.

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