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Tokyo commémore la fin de la Seconde Guerre mondiale

Courbette impériale d'Akihito et de son épouse Michiko pour la commémoration de la fin de la guerre, lundi à Tokyo. Keystone/AP/SHUJI KAJIYAMA sda-ats

(Keystone-ATS) Le Japon a commémoré lundi la fin de la guerre du Pacifique: le 15 août 1945, l’empereur Hirohito annonçait en effet la capitulation sans condition obtenue quelques jours après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki.

Même après 71 ans, les relations du Japon avec ses voisins restent tendues à cause des exactions de l’armée japonaise et de l’ascension militariste du pays au début du 20e siècle. “Regardant notre propre passé et éprouvant de profonds remords, je souhaite sincèrement que jamais ne se répètent les ravages de la guerre”, a déclaré l’empereur Akihito, fils de Hirohito, lors d’une cérémonie à Tokyo.

Depuis le début de son règne en 1989, Akihito, 82 ans, n’a eu de cesse de personnifier le Japon pacifiste et démocratique dans le respect de la Constitution de 1947. Il a ainsi parcouru au fil des ans les pays victimes des atrocités de l’armée japonaise et compati à la douleur des populations touchées. Akihito avait pour la première fois l’an dernier, à l’occasion des commémorations du 15 août, employé l’expression de “profonds remords”.

“Nous devons agir pour ne jamais réitérer les horreurs de la guerre. C’est un engagement ferme que nous devons maintenir de contribuer à la paix et à la stabilité”, a dit lundi le premier ministre Shinzo Abe. Les pacifistes lui reprochent son ambition de modifier la Constitution du Japon dont l’article 9 précise le renoncement du pays à la guerre comme moyen de régler les différends internationaux.

Colère voisine

Par ailleurs, la ministre des Affaires intérieures, Sanae Takaichi, et sa collègue chargée des Jeux Olympiques de Tokyo, Tamayo Murakawa, ainsi que près de 70 parlementaires et autres personnalités se sont rendus lundi au sanctuaire patriotique Yasukuni de Tokyo à la mémoire des victimes du conflit. Cela risque une fois de plus de susciter l’ire de la Chine et de la Corée du Sud.

Ce lieu de culte shintoïste honore quelque 2,5 millions de morts pour le pays, dont 14 Japonais condamnés comme criminels de guerre par les Alliés après la fin du conflit. Ces noms ont été inscrits en secret en 1978 au Yasukuni et la révélation de ce geste a mis en colère les voisins.

Shinzo Abe a évité depuis son retour au pouvoir en décembre 2012 de se rendre au Yasukuni un 15 août. Il s’est contenté lundi de faire une offrande comme il en a pris l’habitude. Il n’y est allé qu’une fois en trois ans et demi, en décembre 2013, pour l’anniversaire de son retour au pouvoir, mais il avait alors irrité non seulement les dirigeants de Pékin et Séoul, mais aussi le gouvernement américain qui avait exprimé sa “déception”.

L’expansion militaire du Japon entre 1910 et 1945 continue à empoisonner ses relations avec ses voisins asiatiques. Lundi, la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a appelé à des relations “tournées vers le futur” entre son pays et le Japon.

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