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Tony Blair: l’opinion britannique sur le Brexit pourrait changer

Le Brexit aura lieu si le gouvernement britannique réussit à faire ce qu'il a promis, soutient Tony Blair. L'ancien Premier ministre travailliste ne cache toutefois pas son scepticisme: "Je ne comprends pas comment il compte y arriver" (image symbolique). KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN sda-ats

(Keystone-ATS) Pour l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, le Brexit est “une erreur très sérieuse”. Il n’exclut pas un changement d’opinion du peuple au Royaume-Uni lorsqu’il “connaîtra exactement les termes de notre sortie”.

Le Brexit aura lieu si le gouvernement réussit à faire ce qu’il a promis, soutient Tony Blair lors d’un entretien avec le quotidien Le Temps diffusé lundi. Celui qui devenait Premier ministre il y a tout juste vingt ans ne cache toutefois pas son scepticisme: “Je ne comprends pas comment il compte y arriver”.

Faire partie du marché unique ou avoir un simple accord de libre-échange avec l’UE sont deux positions différentes. Le travailliste relève que la seconde ne peut pas apporter les mêmes avantages que la première.

“Le marché unique européen, c’était la Ligue des champions en matière commerciale. Un accord commercial, ce serait comme la deuxième division. Nous nous reléguons nous-mêmes”, avertit ainsi Tony Blair dans une autre entrevue accordée au quotidien Daily Mirror.

“Le débat changera” quand le peuple britannique en aura pris la mesure, poursuit le sexagénaire dans les colonnes du Temps, sans pour autant vouloir aller à l’encontre de cette volonté de quitter l’Union européenne.

“Pas d’illusions”

Lors du référendum du 23 juin, les Britanniques avaient voté à près de 52% pour sortir de l’UE. Neuf mois après cette consultation, la Première ministre conservatrice Theresa May a déclenché le 29 mars l’article 50 du Traité de Lisbonne, point de départ de deux ans de négociations entre Londres et l’UE pour conclure un accord de sortie.

Et les pourparlers s’annoncent d’ores et déjà difficiles entre les deux parties. Réunis samedi à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept ont adopté de stricts principes pour encadrer la négociation. Affichant leur fermeté, ils ont fait comprendre aux Britanniques qu’ils ne doivent pas se faire “d’illusions” sur l’obtention rapide d’un accès au marché unique.

“Un cul-de-sac”

La Grande-Bretagne a ouvert ses frontières aux nouveaux pays membres de l’UE avant la fin de la période de transition en 2004, alors que Tony Blair était en fonction. Et pour le travailliste, cette attitude d’ouverture reste la bonne approche. “Tenter d’arrêter la mondialisation pousse vers l’isolationnisme, le protectionnisme ou des batailles contre l’immigration comme vous pouvez en voir partout en Europe actuellement. C’est un cul-de-sac”, soutient-il dans le journal helvétique.

La moitié seulement des immigrants vient de l’UE et beaucoup d’entre eux y ont un emploi qui les attend, affirme, chiffres à l’appui, celui qui est aujourd’hui conseiller auprès d’institutions financières. “Empêcher un Polonais de travailler dans un bar à Londres ne va pas donner un emploi à un chômeur dans le nord-est de l’Angleterre”, illustre-t-il.

“Moment historique”

D’un point de vue personnel, l’ancien Premier ministre confie dans l’entretien au quotidien britannique Daily Mirror, que “ce Brexit m’a directement motivé à être davantage impliqué dans la politique”, explique Tony Blair.

“Il faut se salir les mains, et je vais le faire”. A la tête du parti travailliste de 1994 à 2007, le Britannique n’entend cependant pas briguer un siège de député lors des prochaines élections législatives du 8 juin, ni repartir à la conquête du Labour (parti travailliste), a-t-il précisé.

Et de lancer: “Je ne veux pas me retrouver dans la situation où je n’aurai rien dit dans ce moment historique, car cela signifierait que je n’ai rien à faire de ce pays. Et ce n’est pas le cas”.

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