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Tous les acteurs doivent coopérer pour lutter contre le terrorisme

Les attentats de Paris, comme le massacre qui a lieu au Bataclan, ont marqué l'année 2015 (archives) KEYSTONE/AP/JEROME DELAY sda-ats

(Keystone-ATS) La coopération et la coordination sont essentielles pour lutter contre le terrorisme. Dans son rapport annuel publié mardi, l’Office fédéral de la police (fedpol) revient sur une année 2015 marquée par de nombreuses attaques, notamment à Paris.

“Aujourd’hui, une police ne peut pas agir seule; c’est l’action combinée de tous les partenaires en Suisse et à l’étranger qui peut être efficace”, selon la directrice de fedpol Nicoletta della Valle.

Le 14 novembre au matin, au lendemain des deuxièmes attentats de Paris, les partenaires de l’office se sont ainsi réunis autour d’une table: Service de renseignement, Minstère public, Corps des gardes-frontière, Département fédéral des affaires étrangères et polices cantonales. But: chercher ensemble des solutions, chacun dans son domaine de compétences.

Dans les semaines qui ont suivi les attentats, fedpol a traité près de 290 signalements, reçu quelque 400 informations qui ont toutes été vérifiées et pris des mesures opérationnelles ou de coordination dans plus d’une centaine de cas.

Environ 70 affaires

Le travail intense effectué au sein de la task force, qui avait déjà été mise sur pied, a porté ses fruits. Plus d’une septantaine d’affaires sont traitées dont plus d’une soixantaine font l’objet d’une instruction pénale.

La lutte contre le terrorisme passe aussi par une plus grande flexibilité et la fixation de priorités, a expliqué Mme della Valle. 24 nouveaus postes ont été promis mais, programme d’économie oblige, fedpol devra mettre la pédale douce dans d’autres domaines comme les stupéfiants ou l’archéologie.

Internet et les médias sociaux, avec le volume énorme de données contenues, constitue aussi un énorme défi. La flexibilisation exige des connaissances accrues, notamment en informatique.

Faire circuler l’info

Selon fedpol, l’important est de faire circuler l’information pour permettre un travail coordonné. Le nombre croissant de signalements pertinents prouve que le travail de sensibilisation fonctionne. Les avis de disparition en sont un exemple: la plupart des nouveaux cas de déplacements à motivation djihadiste sont signalés à la police sur cette base.

Ainsi, au tout début 2016, des parents ont signalé la disparition de leur fille et son enfant vivant à l’étranger. La mère a pu être stoppée avant son arrivée en Syrie, puis elle a rejoint la Suisse où elle fait l’objet d’une procédure pénale. L’enfant a quant à lui été confié à son père.

Empêcher d’éventuels terroristes d’entrer en Suisse est aussi important. En 2015, fedpol a émis 17 interdictions à l’encontre de voyageurs djihadistes.

Travailler avec l’étranger

Dans leur immense majorité, les enquêtes dans le domaine du terrorisme ont un lien avec l’étranger. La coopération policière avec les pays des commanditaires présumés, comme la Syrie et l’Irak, n’est possible que de manière très restreinte. Il faut donc trouver des alternatives.

Une source précieuse est le matériel informatique des protagonistes. Mais elle implique un travail de titan: des milliers de données doivent être analysées, traduites voire décodées. Dans l’affaire qui a conduit au début de l’année à la condamnation de trois Irakiens, la Suisse a pu compter sur l’aide des Etats-Unis. Le FBI est intervenu directement auprès de Facebook pour obtenir les données des chats suspects.

Dans un registre plus général, la Suisse coopère par d’autres canaux. L’Office fédéral de la police a ainsi accès au Système d’information Schengen SIS. Depuis 2009, les correspondances effectives des signalements SIS confirmés par fedpol ont augmenté de 8632 à 12’194.

Autre canal important, Europol qui a permis l’arrestation de deux criminels lituaniens. Enfin, via Interpol, la Suisse a pu arrêter un requérant d’asile suspecté d’avoir commis un meurtre à Vienne. Enfin, la Suisse compte sur son réseau d’attachés de police, renforcé l’an dernier dans le Maghreb et en Turquie.

Fabrication de bombes

L’une des problématiques du terrorisme est l’utilisation de produits en libre accès pour fabriquer des bombes: décolorants pour chevaux, dissolvants, désinfectants, engrais. L’Union européenne a décidé de réglementer la vente et l’utilisation de ces produits. En Suisse, un groupe de travail se penche sur la question.

Plusieurs variantes sont étudiées: interdiction complète de certaines substances ou uniquement à partir d’une certaine concentration, système nécessitant une autorisation des autorités ou enregistrement de l’identité de l’acheteur.

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