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Travailleurs de plus de 50 ans: mot-clé formation

"Nous faisons ce qui est possible", a déclaré le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann lors de la présentation des résultats de la quatrième conférence nationale sur les travailleurs âgés. Keystone/MARCEL BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Continuer à se former tout au long de sa carrière: c’est ce que préconise la 4e conférence nationale sur les travailleurs âgés pour maintenir les plus de 50 ans sur le marché du travail. En raison de l’évolution démographique, ces travailleurs gagnent en importance.

Ils sont moins touchés par le chômage que les jeunes, mais s’ils perdent leur emploi, ils ont beaucoup plus de peine à en retrouver un. De plus, ils tardent à profiter de la récente reprise, contrairement aux plus jeunes. Le taux de chômage de ces derniers s’est réduit plus rapidement que celui des plus de 55 ans, écrit le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) dans le document de base de la conférence.

La situation de cette catégorie de travailleurs était au coeur des discussions jeudi à Berne. Le ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann, des représentants des partenaires sociaux et des cantons y ont adopté une déclaration commune qu’ils ont présentée aux médias.

Responsabilité multiple

Cette dernière se focalise sur la nécessité de se former tout au long de sa carrière et appelle chacun à prendre ses responsabilités: les employés doivent se préoccuper de leurs possibilités d’évolution professionnelle et tenter de les optimiser.

Selon leurs possibilités, les employeurs doivent, eux, s’investir pour maintenir l’employabilité de leurs employés les plus âgés. Cela passe par des conditions de travail favorisant le développement professionnel des travailleurs et un climat d’entreprise favorable à la formation.

Dans un communiqué, l’organisation syndicale Travail.Suisse estime que les entreprises devraient être davantage contraintes à consacrer leurs budgets de formation continue en faveur des plus de 50 ans.

Selon la déclaration finale, la Confédération et les cantons doivent garantir l’accès des adultes à la formation, à la formation continue ainsi qu’aux offres de conseil. A la demande des partenaires sociaux et des organisations concernées, le SECO examinera l’efficacité des services de conseil dans les offices régionaux de placement (ORP) et soutiendra, si nécessaire, les cantons par des dispositions concrètes d’amélioration.

Aide sociale

Le taux d’aide sociale des personnes à quelques années de la retraite a également été débattu. En 2016, le taux des 56-64 ans se situait à 2,9%, soit en dessous de celui des 46-55 ans (3,4%). Il a toutefois connu une augmentation supérieure à la moyenne ces dernières années, augmentant de 0,7 point de pourcentage entre 2011 et 2016, contre 0,4 point chez les 46-55 ans.

Le SECO explique cette évolution par “les conditions exigeantes” du marché du travail ces dernières années, affecté par la crise financière et le franc fort.

“Ces personnes sont au mauvais endroit à l’aide sociale”, a déclaré le conseiller d’Etat bâlois Christoph Brutschin, président de la Conférence des directeurs cantonaux de l’économie publique (CDEP). Ils doivent continuer à avoir accès aux offres de l’ORP. Reste à régler la question du financement de ces offres.

Avis divergents

Sur la question de la protection contre le licenciement des travailleurs de plus de 50 ans, les positions étaient irréconciliables. Le président de l’Union syndicale suisse (USS), Paul Rechsteiner, a dénoncé qu’une fois de plus la conférence n’ait pas permis d’avancer sur ce sujet.

A l’inverse, l’Union suisse des arts et métiers (usam) rejette l’introduction de nouvelles réglementations, qui seraient contreproductives. Elle préfère miser sur des mesures servant à maintenir l’employabilité.

Johann Schneider-Ammann a lui plaidé pour des services de conseil, le partenariat social et “des accords plutôt que des lois”. Il a reconnu que lorsque quelqu’un de 50 ans perd son emploi, “cela devient problématique”. Et de mentionner des cas qu’il connaît personnellement.

Au reproche que le Conseil fédéral nie le problème, il a répondu que l’on fait ce qui est possible et réaliste sur la base du partenariat social. Depuis 2010, environ 45’000 personnes supplémentaires de plus de 50 ans sont actives. “Ca ne vient pas de nulle part”, a-t-il ajouté en remerciant les partenaires sociaux.

Comme les années précédentes, cette quatrième conférence nationale a fait l’objet d’une séance préparatoire lundi dernier. Si une vingtaine de représentants de diverses organisations “50+” y ont pris part, l’association 50etplus et son pendant alémanique Avenir 50plus ont boycotté la rencontre, la qualifiant de “farce”.

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