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Trente ans d’emprisonnement requis contre l’ex-présidente coréenne

L'ancienne présidente conservatrice Park Geun-hye refuse de se présenter à l'audience depuis octobre (archives). KEYSTONE/AP POOL/AHN YOUNG-JOON sda-ats

(Keystone-ATS) Le parquet sud-coréen a requis mardi une peine de 30 ans d’emprisonnement contre l’ancienne présidente Park Geun-hye. Destituée en mars dernier, cette dernière est accusée de corruption, d’abus de pouvoir et de coercition. Elle nie toute malversation.

“Nous demandons au tribunal de prononcer une sentence de 30 ans de réclusion et une amende de 118,5 milliards de wons (plus de 102 millions de francs) contre l’accusée, qui doit être tenue pour la responsable ultime du scandale en tant que 18e présidente de ce pays”, a déclaré le parquet dans un communiqué lu à l’audience. Le verdict sera rendu le 6 avril.

Le parquet accuse Mme Park d’avoir accepté ou de s’être vu promettre, en collusion avec sa confidente de l’ombre Choi Soon-sil, des pots-de-vin pour un total de 59,2 milliards de wons de la part de trois conglomérats sud-coréens, Samsung, Lotte et SK, en échange de faveurs politiques.

L’ancienne cheffe de l’Etat est également inculpée pour avoir contraint 18 grandes entreprises à “donner” un total de 77,4 milliards de wons à deux fondations douteuses placées sous le contrôle de Mme Choi. Le tribunal du district central de Séoul a condamné récemment l’amie secrète à 20 ans de réclusion pour abus de pouvoir, corruption et ingérence dans les affaires de l’Etat.

L’accusée a abusé du pouvoir qu’elle détenait du peuple pour le bénéfice personnel de Mme Choi et le sien propre”, a ajouté le parquet. “Elle a violé les valeurs constitutionnelles fondamentales de protection de l’économie de marché et de la liberté démocratique”. “En conséquence, l’accusée est devenue la première présidente à être limogée par destitution, infligeant à l’histoire du pays une cicatrice indélébile”.

Alliance avec les chaebols

Le scandale avait mis au jour les accointances troubles entre les élites politiques et économiques. Les chaebols, empires familiaux tentaculaires, sont les moteurs d’une économie sud-coréenne florissante. Des groupes comme Samsung ou Hyundai ont joué un rôle crucial dans le “miracle” économique des années 1960 et 1970 qui a métamorphosé le pays ravagé par la guerre.

Le parquet a accusé Mme Park “de s’être alliée avec les chaebols plutôt qu’avec le peuple” et d’avoir aggravé “les relations malsaines entre les pouvoirs politique et économique”.

Début février, la justice sud-coréenne a libéré l’héritier de l’empire Samsung, Lee Jae-Yong, jugé dans le même scandale. Sa condamnation a été confirmée en appel, mais la peine a été ramenée à du sursis. C’était le troisième membre du clan familial à bénéficier de la clémence des tribunaux.

Absence de Park Geun-hye

L’ancienne présidente conservatrice refuse de se présenter à l’audience depuis octobre. Elle accuse la justice d’être partisane. Sa défense a démenti toutes les charges pesant sur ses épaules et accusé le parquet de ne disposer d'”aucune preuve solide”. Le Parti de la liberté de Corée, l’opposition conservatrice, a dénoncé un réquisitoire “plus cruel que d’exiger la peine de mort”.

La disgrâce de Park Geun-hye avait précipité en mai 2017 une élection présidentielle anticipée qui avait débouché sur la victoire facile du candidat de centre-gauche Moon Jae-in.

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