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Trois journalistes d’Al-Jazeera condamnés à la prison en Egypte

(Keystone-ATS) Un tribunal égyptien a condamné samedi à trois ans de prison ferme trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera. Ils ont été reconnus coupables d’avoir travaillé en Egypte sans autorisation et d’avoir diffusé des images portant atteinte à l’image du pays.

Les trois journalistes, qui vont faire appel, ont nié tout acte délictueux. Ils se sont dits victimes d’un règlement de compte politique entre les autorités du Caire et le Qatar, soutien des Frères musulmans de l’ancien président Mohamed Morsi, déposé par l’armée en juillet 2013 après de grandes manifestations contre son pouvoir.

Lors d’un premier procès en juin 2014, deux des accusés avaient écopé de sept ans de prison, contre dix ans pour le troisième. Mais la Cour de cassation avait annulé les condamnations de ces journalistes employés par l’antenne anglophone d’Al-Jazeera.

Elle avait ordonné un nouveau procès. Le verdict, initialement attendu le 30 juillet, avait été ajourné par deux fois en raison de l’état de santé du juge.

Par contumace

Deux des accusés, le Canadien d’origine égyptienne Mohamed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohamed ont été libérés sous caution en février après avoir passé plus d’un an derrière les barreaux. Le troisième, l’Australien Peter Greste, a également été remis en liberté et expulsé d’Egypte. Tous trois travaillaient pour l’antenne anglophone d’Al-Jazeera.

Le journaliste canadien et son confrère égyptien étaient présents samedi au tribunal. Le troisième accusé était jugé par contumace.

L’avocate de Mohamed Fahmy, Amal Clooney, a indiqué qu’elle allait essayer d’obtenir l’expulsion de son client vers le Canada. “Nous allons faire appel de ce verdict (et) avoir une série de réunions avec des responsables du gouvernement (égyptien) pendant lesquelles nous allons demander son expulsion immédiate vers le Canada”, a-t-elle déclaré.

Condamnation “scandaleuse”

La condamnation des trois journalistes est “scandaleuse et répugnante”, a fustigé le directeur exécutif de l’antenne anglophone de la chaîne qatarie. Ce verdict est “une attaque délibérée contre la liberté de la presse”, a de son côté réagi la chaîne satellitaire Al-Jazeera dans un communiqué.

La chaîne a dénoncé une décision qui “défie la logique et la liberté”. Elle a aussi promis qu’elle ferait tout jusqu’à ce que ses employés “soient libérés”.

Amnesty International a qualifié le verdict de “mauvaise farce pour la justice égyptienne”. L’arrestation des journalistes, leurs mauvaises conditions de détention et leur procès ont fait l’objet de vives critiques internationales. Amnesty International a qualifié le verdict rendu samedi de “mauvaise farce pour la justice égyptienne”.

Sanglante répression

Le président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée architecte de la destitution de M. Morsi, avait reconnu qu’il aurait mieux valu expulser les reporters plutôt que de les juger. L’affaire avait débuté en pleine crise entre l’Egypte et le Qatar, à couteaux tirés depuis l’éviction de M. Morsi.

Le Caire reprochait à Doha de soutenir les Frères musulmans, notamment via Al-Jazeera. La chaîne quatarie a dénoncé la destitution de M. Morsi et la sanglante répression qui s’est abattue sur ses partisans et a fait plus de 1400 morts.

Selon le Committee to Protect Journalists (CPJ), au moins 18 journalistes, essentiellement accusés d’appartenir aux Frères musulmans, sont derrière les barreaux en Egypte.

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