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Trump accuse à son tour le Qatar de soutenir les extrémistes

Les pays du Golfe se sont probablement sentis encouragés par la récente visite de Donald Trump en Arabie saoudite (ici avec le roi Salmane au centre et le président égyptien al-Sissi à gauche) (archives). KEYSTONE/AP Saudi Press Agency/UNCREDITED sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain Donald Trump a pris fait et cause mardi pour l’Arabie saoudite et ses alliés qui ont rompu la veille avec le Qatar. Il a à son tour accusé ce riche émirat gazier du Golfe, pourtant allié des Etats-Unis, de financer les groupes extrémistes.

Sur Twitter, M. Trump a écrit que l’isolement du Qatar marquera “peut-être le début de la fin de l’horreur du terrorisme”. Il a ajouté que “tous les éléments pointent vers le Qatar” dans le financement de l’extrémisme religieux.

Lundi, l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l’Egypte, le Yémen ainsi que les Maldives ont annoncé rompre toute relation avec le Qatar, l’accusant de “soutenir le terrorisme”. Cette décision a eu l’effet d’un séisme dans la région.

S’ajoutent à la rupture des liens diplomatiques une suspension de vols aériens, ainsi que des interdictions de survol aux compagnies qataries ou des restrictions aux déplacements des personnes. Les pays voisins ont aussi pris des mesures économiques, comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes avec le Qatar.

Médiation koweïtienne

En 2014 déjà, l’Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn avaient rappelé leurs ambassadeurs en poste à Doha. La crise avait duré huit mois, sans atteindre le niveau d’une rupture des relations diplomatiques.

Face à cette crise inédite, le Koweït a entrepris une médiation. L’émir Sabah Al-Ahmad Al-Sabah s’est entretenu par téléphone avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani. Il devait aussi se rendre mardi à Jeddah, dans l’ouest saoudien, pour rencontrer le roi Salmane.

Riche pays gazier, le Qatar a au départ réagi avec colère, accusant ses détracteurs de vouloir le mettre “sous tutelle” et de l’étouffer économiquement. Doha a ensuite donné l’impression de chercher une issue à la crise, en appelant à un “dialogue ouvert et honnête”.

S’exprimant sur la télévision Al-Jazeera, le chef de la diplomatie de l’émirat, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a assuré qu’il n’y aurait “pas d’escalade” de la part de son pays. Il a répété à l’occasion le caractère “stratégique” des relations avec les Etats-Unis.

Diplomatie d’influence

Le Qatar s’est lancé depuis des années dans une diplomatie d’influence, qu’il finance par ses gigantesques réserves de gaz naturel. L’émirat entretient un réseau médiatique mis en place autour de la chaîne Al-Jazeera, créée en 1996, et des intérêts sportifs – le pays doit organiser la Coupe du monde de football en 2022.

L’Arabie saoudite et ses voisins du Golfe lui reprochent depuis des années de soutenir les Frères musulmans, mais aussi les réseaux djihadistes Al-Qaïda et Etat islamique (EI). Plus récemment, ils ont critiqué le ton conciliant adopté envers l’Iran, puissance chiite et grand rival régional de l’Arabie saoudite sunnite.

Selon des responsables américains, Washington a été pris de court par l’initiative des pays du Golfe, qui se sont probablement sentis encouragés par la récente visite de Donald Trump en Arabie saoudite. A Ryad, le président étasunien avait appelé les pays de la région à éradiquer le terrorisme, dont il a désigné l’Iran comme le principal sponsor.

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