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Trump accuse le FBI de parti pris dans l’enquête russe

"Ce qui se passe dans notre pays est une honte (...). Beaucoup de gens devraient avoir honte", a déclaré Donald Trump. KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain Donald Trump a mis en cause vendredi l’intégrité des plus hauts échelons du ministère de la Justice et du FBI, s’attirant les foudres de l’opposition démocrate. Cette dernière brandit désormais le spectre d’une crise constitutionnelle.

Défiant les avertissements de l’opposition, du directeur du FBI et de plusieurs sénateurs de son parti, le chef de l’exécutif américain a approuvé la déclassification d’une note confidentielle rédigée par des républicains du Congrès. La commission du Renseignement de la Chambre des représentants américaine l’a publiée dans la foulée.

Ce document décrit ce qu’ils considèrent comme un abus de pouvoir du FBI lors de la mise sur écoute d’un ancien membre de l’équipe de campagne Trump avant l’élection de novembre 2016. La note de quatre pages accuse plus précisément le FBI et le ministère de la Justice de parti pris à son encontre dans le cadre de l’enquête sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle.

“Elle a été déclassifiée, nous verrons ce qui se passera”, a-t-il affirmé depuis le Bureau ovale, ignorant les mises en garde du patron du FBI contre une telle initiative. “Ce qui se passe dans notre pays est une honte (…) Beaucoup de gens devraient avoir honte”, a-t-il encore dit, sans citer de noms.

Interrogé spécifiquement sur le sort du numéro deux du ministère de la Justice, Rod Rosenstein, qui joue un rôle crucial dans l’enquête russe dans la mesure où le ministre Jeff Sessions s’est récusé sur ce dossier, M. Trump a laissé planer le doute.

FBI pas favorable

Christopher Wray, actuel directeur du FBI nommé par M. Trump, a clairement indiqué qu’il n’était pas favorable à cette publication. Le ministère de la Justice a lui aussi fait part de ses réserves notamment pour des raisons de sécurité et le risque de dévoiler des méthodes de collecte du renseignement. L’opposition démocrate ainsi que des sénateurs de son parti ont eux aussi regretté cette décision.

L’accusation est extraordinaire de la part d’un président des Etats-Unis, traditionnellement soucieux de préserver l’image de deux piliers des institutions américaines. Mais le successeur de Barack Obama est déterminé à prouver que le pouvoir judiciaire veut miner sa présidence à travers l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une éventuelle collusion entre sa campagne et la Russie.

“Entrave à la justice”

Croyant voir clair dans son jeu, l’opposition démocrate l’a prévenu solennellement de ne pas prendre cette note, rédigée par des républicains, comme prétexte pour limoger Robert Mueller ou son supérieur hiérarchique, le numéro deux actuel de la Justice, Rod Rosenstein.

“Nous considérerions une telle action comme une tentative d’entrave à la justice dans l’enquête russe”, ont écrit les dix plus hauts responsables démocrates du Sénat et de la Chambre dans une lettre. Les limoger, avertissent-ils, “pourrait créer une crise constitutionnelle sans précédent depuis le Massacre du Samedi soir”.

Ce “massacre” est le surnom donné à la décision du président Richard Nixon de limoger en 1973 le procureur spécial sur le scandale du Watergate, ce qui avait conduit à la démission du ministre de la Justice et de son numéro deux.

Des écoutes au coeur de la note

La note – encore inédite – a été rédigée par le controversé président républicain de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Devin Nunes, contre l’avis des membres démocrates de sa commission, à partir d’informations secrètes. L’objet: les écoutes mises en place par le FBI contre un membre de l’équipe de campagne Trump en 2016, dans le cadre des investigations sur les actions russes.

L’enquête russe menée par le procureur spécial Robert Muller est issue de celle sur la Russie effectuée par le FBI après le limogeage par Donald Trump de son directeur James Comey tandis que l’attorney general (ministre de la Justice) Jeff Sessions se récusait de l’enquête. La Russie dément être intervenue dans la campagne présidentielle. Donald Trump, qui a accusé Robert Muller et ses services de mener une chasse aux sorcières, a nié toute collusion avec la Russie ou vouloir faire obstruction à la justice.

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