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Trump menace l’accord avec Téhéran, tollé quasi général

Israël et l'Arabie saoudite exceptés, le discours de Donald Trump a provoqué des réactions très critiques. KEYSTONE/EPA/JIM LO SCALZO sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain a affirmé vendredi qu’il pouvait mettre fin “à tout moment” à l’accord sur le nucléaire iranien, le dénonçant comme “l’un des pires” qui soit. Téhéran a réagi en affirmant qu’il continuerait à le respecter tant qu’il répondrait à ses intérêts.

Avec cet accord, “nous avons obtenu de faibles inspections en échange de rien de plus que de repousser, purement à court terme et temporairement, l’avancée de l’Iran vers l’arme nucléaire. Quel est le sens d’un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire pour une courte période? Ceci est inacceptable pour le président des Etats-Unis”, a déclaré Donald Trump à la Maison Blanche.

“Toutefois, dans l’éventualité où nous ne serions pas capables de trouver une solution en travaillant avec le Congrès et nos alliés, alors l’accord prendrait fin. Il est sous examen permanent et notre participation peut être annulée par moi, en tant que président, à tout moment”, a déclaré Donald Trump à la Maison Blanche.

Gardiens de la révolution visés

Donald Trump a annoncé vendredi de nouvelles sanctions “dures” contre les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne. Il les a accusés de “soutenir le terrorisme” sans toutefois classer ce groupe parmi les “organisations terroristes”.

Vendredi, le Trésor américain a désigné le corps d’élite en tant que “soutien de plusieurs groupes terroristes”, comme l’était déjà, depuis 2007, la Force Qods, la branche des Gardiens de la révolution chargée des opérations extérieures. Selon un communiqué, “les Gardiens de la révolution ont apporté un soutien matériel à la Force Qods”.

Trump “n’a pas lu le droit international”

La nation iranienne n’a jamais cédé à une pression étrangère et ne le fera jamais (…) L’Iran et l’accord sont plus forts que jamais (…) Le corps des gardiens de la Révolution va continuer le combat contre le terrorisme régional”, a rétorqué vendredi le président Hassan Rohani lors d’une allocution télévisée.

“Les déclarations [de M. Trump] sont un tissu d’insultes et d’accusations sans fondements”, a ajouté le président iranien.

Son homologue américain “n’a pas lu le droit international”, a encore dit M. Rohani. “Est-ce qu’un président peut seul annuler un accord multilatéral et international. Apparemment, il ne sait pas que cet accord n’est pas un accord bilatéral entre l’Iran et les Etats-Unis”, a-t-il encore déclaré.

“L’accord nucléaire n’est pas modifiable, on ne peut y ajouter ni un article ni une note”, a réaffirmé M. Rohani. “Tant que nos intérêts l’exigent, nous resterons dans l’accord nucléaire et nous coopérerons avec l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), mais si un jour nos intérêts ne sont pas satisfaits, nous n’hésiterons pas une seule seconde et nous réagirons”, a-t-il souligné.

Fortes critiques

La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni se sont dit vendredi soir “préoccupés par les implications” de la décision du président américain Donald Trump de ne pas “recertifier” l’accord sur le nucléaire iranien. Le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié la stratégie annoncée de “rhétorique agressive et menaçante.

Quant à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), Nobel de la paix 2017, elle a estimé que la décision du président américain favoriserait la prolifération et l’usage d’armes nucléaires.

En revanche, l’Arabie saoudite et Israël ont salué sa décision, la qualifiant de “courageuse”.

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