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Tsipras reste au pouvoir mais devra gouverner avec ANEL

(Keystone-ATS) Le Premier ministre sortant Alexis Tsipras a gagné un nouveau pari dimanche en menant son parti de gauche radicale Syriza au pouvoir pour la seconde fois cette année. Mais il va devoir gouverner à nouveau avec les souverainistes des Grecs Indépendants (ANEL).

Syriza a remporté 35,47% des suffrages après dépouillement de 99,44% des bulletins de vote, a annoncé tôt lundi le ministère de l’Intérieur sur son site internet. Les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) remportent, eux, 28,09%. M. Tsipras devait être investi dans ses fonctions dans l’après-midi.

S’exprimant devant ses partisans dans le centre d’Athènes, le Premier ministre démissionnaire a déclaré qu’il se “sentait légitimé” par ce succès après avoir volontairement quitté ses fonctions en août dernier.

Jusqu’au bout, ANEL n’a pas été sûr de revenir au parlement. La formation totaliserait désormais 10 députés, contre 13 précédemment. Avec les députés d’ANEL, M. Tsipras disposerait d’une majorité absolue (155 sur 300).

S’il voulait encore renforcer la coalition, il pourrait s’allier avec d’autres formations, comme le parti centriste To Potami, crédité de 10 sièges, ou le PASOK, le parti socialiste autrefois puissant (17 sièges).

Conseil national de la politique européenne

Les néo-nazis d’Aube dorée restent la troisième force politique du pays avec 18 sièges tandis que les communistes du KKE obtiennent 15 élus. Unité populaire, qui rassemble les députés dissidents du Syriza dont le vote a précipité ce scrutin, resterait en revanche à la porte du Parlement.

Lundi matin, un cadre influent du parti a déclaré que la négociation d’un allègement de la dette grecque, à peine inférieure à 170% du PIB, figurerait en tête des priorités du nouveau gouvernement Tsipras.

Toujours selon ce cadre de Syriza, qui s’est exprimé anonymement, Alexis Tsipras envisage de former un conseil national de politique européenne qui intégrerait des représentants d’autres partis siégeant au Parlement.

Salué par Hollande et Poutine

Le président français François Hollande a évoqué dès dimanche soir “un succès important pour Syriza et Tsipras” et “un message important pour la gauche européenne”. Vladimir Poutine a félicité le Premier ministre grec sortant lundi matin. Le président russe “a exprimé l’espoir de poursuivre un dialogue constructif et une collaboration active” avec Athènes.

De son côté, le président social-démocrate allemand du Parlement européen, Martin Schulz, a salué la victoire d’Alexis Tsipras mais jugé “bizarre” son intention de reconduire sa coalition gouvernementale avec le parti populiste des Grecs indépendants.

Pour la presse grecque, Tsipras a réaffirmé son emprise sur le paysage politique grec. Il va devoir s’atteler à la lourde tâche de reconstruire un consensus dans une société morcelée et traumatisée par des années d’austérité, ont estimé dès l’aube les éditorialistes.

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