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UBS: l’ombre du procès en France planera sur l’assemblée

Les 14,1 millions de francs touchés par le patron d'UBS Sergio Ermotti en 2018 - qui en font le mieux payé des dirigeants de sociétés cotées en Suisse - risquent d'être critiqués lors de la prochaine assemblée générale, après l'amende record dont a écopé le groupe en France. (archives) KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS sda-ats

(Keystone-ATS) Une fois n’est pas coutume, les salaires et les primes des dirigeants pourraient passer au second plan lors de l’assemblée générale d’UBS jeudi.

Après la condamnation du groupe en France, l’octroi de la décharge aux responsables du numéro un bancaire helvétique risque de provoquer des remous du côté de Bâle.

Au fil des années, les assemblées générales des grandes banques suivent un déroulement qui s’apparente à un rituel. Inlassablement, les petits actionnaires montent à la tribune pour exprimer leur mécontentement face aux rémunérations, dénoncées comme excessives, des “top managers”, comme cela a été le cas vendredi dernier pour Credit Suisse.

Le directeur général (CEO) d’UBS Sergio Ermotti s’expose à des critiques avec son salaire global qui s’est monté à 14,1 millions de francs. La rémunération, certes en recul par rapport à 2017, était cependant au moment de la publication du rapport annuel, la plus importante parmi celles de tous les patrons des valeurs du Swiss Market Index (SMI), l’indice phare la Bourse suisse.

D’influents conseillers aux actionnaires, comme la fondation suisse Ethos ou l’américain Glass Lewis (GL), proposent le rejet du rapport de rémunération, soumis à l’assemblée lors d’un vote consultatif. Ethos prône un refus en bloc, tandis que GL pointe du doigt le manque de transparence dans le calcul des bonus.

Autre consultant important, ISS se montre plus magnanime. Il remet en question certains aspects du rapport mais propose d’accepter ce point à l’ordre du jour.

Selon toute vraisemblance, les dirigeants d’UBS ne devraient passer aux fourches caudines pour leurs rémunérations lors de cette assemblée. Même si c’était le cas, le camouflet resterait symbolique du fait du caractère consultatif – non contraignant – du vote.

Six mois de délai

Le refus de l’octroi de la décharge au conseil d’administration et à la direction générale serait en revanche plus lourd de conséquences, car cela exposerait ces responsables à une éventuelle plainte de la société sur les activités commerciales connues au moment du vote.

Rien ne dit qu’un tel scénario va se produire jeudi à la Halle St-Jacques de Bâle. Le scrutin pourrait cependant être plus serré que d’habitude puisqu’Ethos et ISS recommandent de ne pas accorder la décharge, à titre préventif. Pour sa part, GL prône l’abstention.

Ces recommandations sont liées au revers judiciaire essuyé en France. Le 20 février dernier, UBS a été reconnu coupable de “démarchage bancaire illégal” et “blanchiment aggravé de fraude fiscale” sur la période 2004-2012, un verdict assorti d’une facture de 4,5 milliards. La banque a fait appel.

Le groupe zurichois a fait l’objet de certaines critiques pour avoir, entre autres, prétendument refusé un règlement extrajudiciaire du litige qui aurait coûté moins cher, soit environ 1,1 milliard d’euros. Après le procès, Sergio Ermotti a indiqué que ces spéculations étaient fausses.

Selon ISS, refuser la décharge permettrait de lancer plus facilement une éventuelle action en justice contre les organes dirigeants de la banque, à une date ultérieure. En droit suisse, les actionnaires disposent d’un délai de six mois pour intenter une procédure, à condition de refuser la décharge.

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