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UBS anticipe une décélération marquée de l’économie suisse en 2015

(Keystone-ATS) Après la décision de la BNS d’abandonner le cours plancher de l’euro, UBS revoit en baisse marquée ses prévisions de croissance économique pour la Suisse. La grande banque n’anticipe cependant pas de récession, à l’instar de l’institut conjoncturel BAKBASEL.

Le taux de croissance de l’économie helvétique devrait ainsi se situer à 0,5% cette année, contre 1,8% estimé auparavant, a indiqué UBS Wealth Management, l’entité de gestion de fortune de l’établissement. Pour 2016, la hausse du produit intérieur brut (PIB) est escomptée à 1,1%, contre 1,7% précédemment.

A titre de comparaison, la croissance devrait avoir atteint 1,9-2,0% l’an dernier, estiment les experts du numéro un bancaire suisse. Les chiffres officiels du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) ne sont toutefois pas attendus avant le 3 mars.

Ces prochains mois, la consommation privée, encouragée par une baisse des prix, devrait rester le principal moteur de la croissance, note UBS, sans oublier le bas niveau des taux d’intérêt. Les entreprises exportatrices devraient en revanche le plus souffrir de la décision de la BNS, avec un recul de près de 5 milliards de francs en 2015.

Fournisseurs indigènes sous pression

De plus, l’appréciation du franc va peser sur les exportations du secteur des services ainsi que sur les activités des fournisseurs indigènes, qui subiront la concurrence d’importations devenant meilleur marché.

Au chapitre des nouvelles plus favorables, les branches exportatrices devraient profiter de l’amélioration attendue de la situation conjoncturelle dans la zone euro, au deuxième semestre avant tout. Les 18 pays qui la composent bénéficieront alors des effets de la dévalorisation de la monnaie unique.

Sur l’ensemble de l’année en cours toutefois, les exportations suisses de marchandises sont prévues en recul de 1% par rapport à 2014, précise UBS. Reste que la Suisse devra s’accommoder d’un niveau de croissance en rupture avec la dynamique enregistrée durant les années 2012 et 2013, voire 2014.

BAKBASEL aussi

Jeudi soir, l’institut de recherches conjoncturelles BAKBASEL a dit aussi anticiper une baisse de la croissance, comprise entre 1,5 et 2 points, d’ici à 2016. Si le cours de change de l’euro devait se maintenir légèrement au-dessus de la parité, la Suisse n’entrerait certes pas en récession, mais connaîtrait un faible essor.

Dans le même temps, le chômage serait tiré à la hausse et pourrait s’établir en moyenne annuelle entre 3,6 et 3,8% en 2016, au lieu des 3,1% prévus. Ces premières prévisions, pour 2015 et 2016, se fondent sur le scénario d’un taux de change de 1,05 franc pour un euro, a indiqué BAKBASEL.

Selon l’institut, même les entreprises orientées vers le marché intérieur pourraient pâtir de la décision de la BNS. La force du franc pourrait notamment mener à une rapide augmentation du tourisme d’achat. La concurrence à l’importation devrait s’accroître pour les fournisseurs de services, l’artisanat et le secteur de la construction.

BAKBASEL estime peu probable un retour prochain à un taux de 1,20 franc pour un euro ou plus. L’économie suisse doit donc s’attendre pour les années 2015 et 2016 à un franc nettement plus fort qu’envisagé jusqu’ici.

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