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Ultime baiser de Rosetta à la comète Tchouri le 30 septembre

Le 30 septembre, Rosetta ira rejoindre définitivement Philae - ici partiellement à l'image grâce à une caméra embarquée - sur la comète Tchouri (archives). KEYSTONE/EPA/ESA/ROSETTA/PHILAE/CIVA sda-ats

(Keystone-ATS) La sonde européenne Rosetta, après douze ans passés dans l’espace, achèvera sa mission le 30 septembre. Elle rejoindra le robot Philae sur la comète Tchouri, a annoncé jeudi l’Agence spatiale européenne (ESA).

“Le 30 septembre marquera la fin des opérations de la sonde” en orbite autour de la comète 67P depuis août 2014, a confirmé Matt Taylor, responsable scientifique de la mission, cité dans un communiqué de l’ESA.

A cette date, la comète Tchourioumov-Guérassimenko se trouvera à 573 millions de kilomètres du Soleil et à 719 millions de kilomètres de la Terre.

Lancée en 2004, la sonde, équipée de grands panneaux solaires, n’aura plus assez d’énergie pour fonctionner, explique à l’AFP Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol de Rosetta à l’ESOC (Centre européen d’opérations spatiales) à Darmstadt (D).

Final en beauté

Plutôt que de laisser Rosetta se perdre dans le cosmos – une fin qui serait d’une “tristesse infinie” selon M. Lodiot -, l’ESA a opté pour un final net et spectaculaire.

“Pour conclure de façon magistrale sa mission, Rosetta, après une descente contrôlée inédite, ira rejoindre Philae et donnera un ultime baiser à sa comète”, écrit avec lyrisme le CNES, l’agence spatiale française, dans un communiqué.

Le 30 septembre, la sonde, qui se trouvera à une vingtaine de kilomètres de la surface, effectuera une lente descente d’environ 12 heures, à la vitesse de 50 centimètres par seconde, jusqu’à un “impact contrôlé” à la surface de Tchouri. Dès le contact, les communications cesseront, ainsi que les opérations menées par Rosetta. “Ce sera fini”, souligne M. Lodiot.

Clichés et mesures

Pour ses derniers moments de vie, Rosetta ne chômera pas. Elle prendra en temps réel des clichés à très haute résolution et fera des mesures scientifiques inédites.

L’endroit de l’impact n’a pas encore été totalement arrêté. Cela pourrait être le site Algikia où Philae avait atterri le 12 novembre 2014, avant de s’en éloigner après plusieurs rebonds imprévus.

Le petit robot-laboratoire qui a réalisé une première historique en se posant sur la comète, est désormais totalement endormi sur Tchouri qui se refroidit de plus en plus à mesure qu’elle s’éloigne du Soleil. Actuellement, la comète se trouve à 495 millions de km de notre étoile et à 516 millions de km de la Terre.

Localiser Philae

Jusqu’à présent, l’ESA n’est pas parvenue à repérer où se trouvait précisément Philae, muet depuis juillet 2015. “Le travail de localisation est en cours”, indique M. Lodiot.

Les rejets de poussières et de gaz émis par la comète s’étant considérablement réduits, les équipes de l’ESA ont en effet autorisé Rosetta à effectuer des survols très rapprochés.

Récemment, la sonde a été en orbite autour de la comète à 5 km seulement de la surface – un record. “Nous espérons pouvoir descendre à deux, voire un kilomètre de la surface”, précise M. Lodiot.

“Repérer Philae, qui a la taille d’une machine à laver, n’est pas une tâche facile” car il se trouve dans une zone où il y a beaucoup de glace et de roche, relève M. Lodiot.

Connaissance de la matière primitive

L’annonce de la fin de la mission “peut paraître un peu triste, vu à quel point le monde entier s’est ému de cette mission incroyable, allant jusqu’à personnifier Rosetta et Philae”, convient Jean-Yves Le Gall, le président du CNES. “Mais quelle plus belle fin pour Rosetta que de donner un ultime baiser à sa comète!”.

“C’est la fin d’une fantastique mission qui a été un succès énorme”, relève Sylvain Lodiot. L’objectif de la mission Rosetta, lancée il y a plus de vingt ans, est de mieux comprendre l’évolution du système solaire depuis sa naissance, les comètes étant considérées comme des vestiges de la matière primitive.

La sonde spatiale a d’ores et déjà détecté sur Tchouri des éléments-clés de la vie, un acide aminé et du phosphore, ainsi que différents gaz, oxygène et argon notamment.

Technologie suisse

“Cette mission va potentiellement révolutionner notre connaissance des comètes et de la formation du système solaire”, considère M. Lodiot. “La quantité de données recueillie est phénoménale. Il faudra des années pour les étudier”, souligne-t-il.

Rosetta a à son bord de la technologie suisse: un éventail d’instruments a été développé avec l’Université de Berne, notamment la caméra Osiris et le spectromètre de masse Rosina. Plusieurs entreprises suisses, parmi lesquelles RUAG, et le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA) ont participé à leur construction.

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