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Un adolescent mineur a une chance sur trois d’acheter de l’alcool

(Keystone-ATS) Les mineurs parviennent de plus en plus facilement à acheter de l’alcool, surtout le soir dans les bars. Selon le bilan des achats tests réalisés en 2014, un adolescent a une chance sur trois de se procurer une boisson à laquelle il n’aurait pas droit selon la loi.

Les âges minimum sont de plus de plus en plus ignorés par les vendeurs, révèle vendredi la Régie fédérale des alcools (RFA). Sur les 5022 achats tests effectués l’an passé en Suisse, 33,7% se sont soldés par des ventes d’alcool illicite à des mineurs. En 2013, le taux n’était que de 25,8%. Il faut remonter à 2008 pour obtenir un laxisme plus élevé.

L’augmentation des sondages le soir (de 6 à 13%) explique peut-être en partie cette progression. Deux fois plus de vente ont lieu après 19 heures. Les mineurs réussissent alors à acheter de l’alcool dans 54,2% des cas. Les taux de vente ont augmenté dans la majorité des points de vente.

Comme les années précédentes, les vendeurs des shops des stations-service sont les plus stricts et n’ont contrevenu à l’âge minimum que dans 17,3% des cas. A l’inverse, les moins regardants sont les employés de bar (54,3%). Le taux de vente des commerces de boissons atteint 50% et celui des cafés et restaurants 44,6%.

Pour la première fois, près d’un achat test sur trois a porté sur des eaux-de-vie, liqueurs, cocktails ou alcopops. Le constat est sans appel: les moins de 18 ans parviennent à se procurer de l’alcool fort dans 61,4% des cas, tandis que les moins de 16 ans n’obtiennent de la bière ou du vin que dans 26,3% de leurs tentatives d’achat.

Pas brillant en Suisse romande

La Suisse romande ne brille pas dans le classement. Les remises illicites ont dépassé les 40% dans les cantons de Vaud et Fribourg. Les résultats ne sont pas meilleurs à Genève (54,2% de vente) même si pour des raisons de calendrier, les 295 tests réalisés n’ont pas pu être intégrés à la statistique nationale.

La barre des 35% est franchie dans les cantons de Neuchâtel, de Berne et du Tessin. Les vendeurs latins les plus regardants se trouvent en Valais, mais là aussi, les acheteurs trop jeunes ont obtenu gain de cause dans plus de 30% des cas. Le Jura n’a pas recours aux achats tests.

Les variations nationales observées ont toutes un lien direct avec l’intensité des vérifications de l’âge de l’acheteur. Les contrôles sont beaucoup plus systématiques durant la journée (78,2%), dans les points de vente à emporter (82,3%) et pour du vin ou de la bière (78,3%). L’âge est vérifié dans moins d’un cas sur deux en soirée (48%), à peine plus dans les bars ou restaurants (54,9%) et peu pour la vente d’alcool fort (41,7%).

Erreurs de calcul

Certains vendeurs sont consciencieux mais mauvais en calcul. Dans 17,8%, ils ont remis l’alcool après avoir contrôlé les papiers d’identité d’une personne trop jeune pour en obtenir.

La RFA poursuit ses efforts afin d’harmoniser les standards et de fixer des priorités communes pour la réalisation d’achats tests dans toute la Suisse. Elle mise sur un recours accru à des instruments comme les calculateurs d’âge et le renforcement de la sensibilisation et de la formation du personnel de vente.

Les vendeurs fautifs risquent des mesures administratives comme le retrait de patente. Faute de base légale, les achats tests ne peuvent en revanche pas être utilisés comme preuve dans le cadre d’une procédure pénale et aboutir à une amende. La révision totale de la loi sur l’alcool en discussion au Parlement devrait remédier à cette lacune.

Elle ne sera toutefois pas bouclée avant la session de décembre. Les Chambres divergent sur l’imposition des spiritueux mais aussi sur une possible interdiction au commerce de détail de vendre de l’alcool entre 22h00 et 06h00.

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