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Un attentat-suicide fait 31 morts dans une ville proche de la Syrie

(Keystone-ATS) Un attentat-suicide sanglant attribué par le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara au groupe Etat islamique (EI) a frappé lundi la ville de Suruç (sud), à la frontière syrienne. Il a fait au moins 31 morts une centaine de blessés.

L’explosion, très forte, s’est produite à la mi-journée dans le jardin d’un centre culturel de Suruç, où résidait un groupe de jeunes militants de gauche et prokurdes. Ils souhaitaient participer à la reconstruction de la ville syrienne voisine de Kobané, d’où les djihadistes de l’EI ont été chassés en janvier par les milices kurdes de Syrie.

“Je maudis et condamne les auteurs de cette violence au nom de mon peuple”, a réagi le président turc Recep Tayyip Erdogan. “La terreur doit être condamnée, quels que soient ses auteurs”, a ajouté M. Erdogan lors d’une courte déclaration à l’occasion d’une visite officielle dans la partie nord de l’île de Chypre, occupée par la Turquie depuis 1974.

Son Premier ministre Ahmet Davutoglu a clairement mis en cause le groupe Etat islamique. “Les premiers éléments montrent que l’explosion est un attentat-suicide et qu’il a été perpétré par Daesh”, l’acronyme arabe de l’EI, a-t-il déclaré devant la presse à Ankara. “Cette attaque nous vise tous”, a-t-il ajouté.

Plusieurs médias turcs ont affirmé que l’auteur de l’attaque était une jeune femme d’une vingtaine d’années. Mais cette information n’a pas été confirmée par M. Davutoglu.

La Maison blanche, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius ont fermement condamné l’attentat et appelé à un renforcement de la coopération dans la lutte contre le groupe EI. Proche de M. Erdogan, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé “un acte barbare”.

Bilan provisoire

Le dernier bilan officiel fait état de 31 morts et d’une centaine de blessés. Le premier bilan rendu public par le ministère de l’Intérieur articulait le chiffre de 27 morts et une centaine de blessés hospitalisés. Contacté peu après, un responsable turc s’exprimant sous couvert de l’anonymat a fait état de 28 morts.

“L’explosion a été provoquée par un attentat-suicide”, a précisé ce responsable. Il a ajouté que les autorités turques avaient “de fortes raisons” de croire que cette “attaque terroriste” avait été perpétrée par le groupe EI. Si son origine était confirmée, cette attaque serait la première survenue sur le sol turc depuis l’émergence du mouvement radical.

L’attentat-suicide intervient quelques semaines après le renforcement par les autorités turques de leur dispositif militaire à la frontière syrienne. Et au lendemain de la victoire remportée par les milices kurdes de Syrie face aux combattants djihadistes dans la bataille pour le contrôle d’une autre ville frontalière syrienne, Tall Abyad.

De l’autre côté de la frontière

Peu après cette première explosion, une autre attaque à la voiture piégée a visé un barrage de sécurité établi par les milices kurdes dans le sud de Kobané, de l’autre côté de la frontière, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). “Deux combattants kurdes ont été tués par l’explosion”, a déclaré Rami Abdel Rahman, le directeur de cette ONG basée à Londres et qui dispose d’informateurs en Syrie.

Fin juin, le groupe EI a mené trois attentats-suicide à Kobané. Les combats qui ont suivi ont entraîné la mort de plus de 200 civils. Les milices kurdes ont depuis repris le contrôle total de la ville.

La ville de Suruç accueille des milliers de réfugiés kurdes de Syrie qui ont quitté la région de Kobané lors de l’offensive lancée par les combattants d’EI en septembre dernier. Cette attaque, et les violents combats qui ont suivi pendant quatre mois, ont provoqué l’exode de quelque 200’000 personnes vers la Turquie voisine. Selon les autorités locales turques, seuls environ 35’000 Syriens ont regagné depuis leur pays.

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