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Un carnage préparé depuis des mois

A proximité de la plage de la Promenade des Anglais, à Nice, des bouquets de fleurs et des messages rappellent la tuerie. KEYSTONE/AP/CLAUDE PARIS sda-ats

(Keystone-ATS) Une semaine après l’attentat de Nice, l’enquête a permis d’établir que Lahouaiej Bouhlel, qui a lancé son camion dans la foule tuant 84 personnes, avait des complices. Il préparait ce carnage depuis des mois.

Cinq personnes ont été déférées dans la journée devant la justice en vue de leur inculpation pour notamment association de malfaiteurs terroristes et assassinats, a indiqué jeudi le procureur chargé de l’enquête, François Molins. Lors d’une déclaration à la presse, il a fait état “d’avancées notables” dans les investigations menées par “plus de 400 enquêteurs”.

Il est ainsi établi que le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel, “a bénéficié de soutiens et de complicités dans la préparation et la commission de son acte criminel”, a déclaré le procureur.

Les cinq suspects, quatre hommes et une femme inconnus des services antiterroristes, âgés de 22 à 40 ans. Ils avaient été placés les jours précédents en garde à vue. Ce sont deux Franco-Tunisiens, un Tunisien, un Albanais et une Franco-Albanaise, dont un seul a été condamné pour des faits de droit commun.

C’est notamment à partir des analyses du téléphone portable du tueur, révélant de nombreux contacts avec eux, que ces suspects ont été interpellés, a indiqué le procureur.

Des clichés “révélateurs”

Ce Tunisien de 31 ans, résidant à Nice et qui ne s’était pas fait remarquer par les services de renseignement, avait mûri son projet criminel “plusieurs mois avant son passage à l’acte”, a également fait savoir François Molins. Ce dernier a fait état de clichés “révélateurs” retrouvés dans son téléphone, certains remontant à plus d’un an.

Parmi eux, une photo du feu d’artifice du 14 juillet 2015 sur la Promenade des Anglais, là même où il a commis l’attentat. Une autre a été prise lors d’un concert au même endroit. Un autre cliché, daté du 25 mai 2015 montre un article sur le “captagon”, drogue réputée être utilisée par des djihadistes auteurs d’attentats.

Une semaine après l’attentat, quinze blessés étaient encore entre la vie et la mort, selon les autorités françaises.

“Vérité et transparence”

Si l’enquête avance sur les motivations et entourage du tueur, la polémique sur les mesures de sécurité adoptées le 14 juillet, en plein état d’urgence, ne désenfle pas.

En déplacement à Dublin, le président français François Hollande a promis “vérité et transparence” sur le dispositif de sécurité déployé à Nice ce soir-là. Il répondait à des accusations renouvelées sur de possibles failles.

Son Premier ministre, Manuel Valls, a jugé jeudi “insupportable la remise en cause permanente de la parole de l’Etat, du préfet, des policiers”.

Polémique relancée

Le débat sur le dispositif policier, lancée quelques heures après la tuerie par l’opposition, a été relancée jeudi par le quotidien de gauche Libération. Le journal affirme que l’entrée de la zone piétonne de la Promenade était barrée par une seule voiture de la police municipale et que la police nationale était quasiment absente à ses abords.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé une “contre-vérité” et annoncé une enquête administrative par la police des polices afin “d’établir la réalité de ce dispositif (policier)”.

Nouvelle menace de l’EI

Le groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui a revendiqué l’attentat de Nice et ceux de Paris en novembre (130 morts), a menacé d’intensifier ses attaques contre la France dans une nouvelle vidéo où apparaissent des francophones. Ces derniers félicitent l’auteur de la tuerie.

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