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Un champignon asiatique tue les salamandres européennes

Déjà menacée par la disparition de son habitat, la salamandre tachetée (Salamandra salamandra) est en plus victime d'un champignon pathogène exotique (archives). KEYSTONE/EPA/MICHAEL REICHEL sda-ats

(Keystone-ATS) Un champignon invasif venu d’Asie tue les salamandres européennes, rapportent des chercheurs zurichois et belges dans la revue Nature. L’espèce n’a pas encore été signalée en Suisse, mais le péril est grand.

La mycose produite par Batrachochytrium salamandrivorans a déjà provoqué une extinction de masse de salamandres tachetées aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne, a indiqué l’Université de Zurich (UZH) dans un communiqué. Seules de petites communautés de ces amphibiens noirs et jaunes ont survécu.

Très agressive, cette maladie fongique est vraisemblablement arrivée en Europe par le commerce international d’amphibiens. Elle s’attaque à la peau des animaux et provoque des nécroses mortelles.

La mortalité est extrêmement élevée, rapporte l’équipe de Benedikt Schmidt, de l’Institut de biologie de l’évolution de l’UZH et collaborateur scientifique au Centre de coordination pour la protection des amphibiens et des reptiles de Suisse. Seulement 13% des salamandres infectées survivent plus de dix jours.

Et durant ce même laps de temps, un tiers des salamandres saines s’infectent, ont constaté les chercheurs. En quelques semaines, il reste moins de 10% d’une population touchée.

Interdiction d’importation

Signalée pour la première fois aux Pays-Bas en 2008, cette mycose y a tué près de 96% des salamandres tachetées du pays, contraignant les autorités à isoler des spécimens sains dans des zoos.

En Suisse, comme aux Etats-Unis, les autorités ont édicté en 2015 une interdiction d’importation des salamandres et tritons exotiques, animaux prisés des collectionneurs. “Il faut tout faire pour empêcher la maladie de se propager”, souligne M. Schmidt, cité dans le communiqué.

Car une fois qu’il est là, ce “pathogène parfait” ne laisse que peu de chances à ses victimes. Ses spores extrêmement résistantes peuvent survivre très longtemps dans l’environnement et il en faut très peu pour provoquer la contagion.

D’autres espèces, comme le triton alpestre, sont moins sensibles au champignon. “Mais elles peuvent servir de réservoir”, souligne Benedikt Schmidt.

Ce fléau touche de surcroît des espèces dont plusieurs sont déjà menacées d’extinction pour d’autres raisons. L’Union européenne a lancé un projet de recherche afin d’établir les bases d’un plan de lutte. Ces travaux ont été conduits par l’Université de Gand, en Belgique, où la maladie a fait son apparition fin 2013.

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