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Un collectif russe invité au Musée d’art et d’histoire de Genève

Le Festin chez Trimalcion est l'un des collages numériques présentés dans le cadre de l'exposition "Theatrum Mundi" du collectif russe AES+F au Musée d'art et d'histoire de Genève. (©)AES+F sda-ats

(Keystone-ATS) Le collectif d’art russe AES+F est à l’honneur au Musée d’art et d’histoire (MAH) de Genève. Jusqu’au 7 octobre, le public pourra découvrir Theatrum Mundi, un travail organisé autour de deux vidéos récentes. L’histoire de l’art y fait face à la société contemporaine.

Le MAH a fait sa renommée sur l’art classique, pourquoi y présenter de l’art contemporain numérique? a lancé la conservatrice en chef des Beaux-Arts Lada Umstätter jeudi devant la presse à Genève. Les oeuvres des quatre artistes qui constituent le collectif moscovite s’intègrent dans l’histoire de l’art mondiale, a-t-elle expliqué. Elles empruntent au passé pour mieux parler du présent.

Monde à l’envers

Les vidéos présentées dans ce Theatrum Mundi mêlent références à la mythologie, réminiscences classiques, religieuses, tradition picturale de la Renaissance et codes esthétiques du monde contemporain (jeu vidéo, technologie, mode, cinéma). Elles offrent un panorama des dix dernières années de travail du collectif.

Parmi elles, Inverso Mundus, leur oeuvre la plus récente, présente le thème carnavalesque très connu du monde à l’envers transposé dans le monde contemporain, a noté Lev Evsovich, membre du collectif. Les rapports de pouvoirs habituels sont inversés: les femmes torturent des hommes, des enfants boxent des vieillards, les voleurs se transforment en policiers.

La technique utilisée est particulière: les vidéos sont composées de centaines de milliers de photos, ce qui donne un mouvement très captivant et une netteté de l’image. Chaque détail est extrêmement visible, même un poil de barbe, note la conservatrice.

Depuis plus de 30 ans

Le collectif AES+F a été fondé en 1987. Son nom un peu énigmatique est en fait simplement composé des initiales des noms des quatre artistes, le dernier ayant rejoint le groupe en 1995, a raconté Mme Umstätter.

Si leur projet islamique, une mosquée ajoutée au paysage occidental, a fait le tour des journaux à la fin des années 90, leur renommée s’est envolée internationalement à partir de 2007, date à laquelle ils ont exposé à la Biennale de Venise.

Très connu en Russie, AES+F est à l’origine de plus de cent expositions personnelles ou collectives, a précisé Mme Umstätter. Les artistes exposent notamment en ce moment à la nouvelle galerie Tretiakov de Moscou. En Suisse, ils avaient présenté leurs travaux il y a quatre ans au Musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds et il y a dix ans dans une galerie genevoise.

Ce qui se fait en Russie

Jean-Yves Marin, directeur du MAH, s’est réjoui de présenter de l’art contemporain dans un musée de type encyclopédique. Des opérations de ce type viennent régulièrement faire un peu de contrepoids aux expositions traditionnelles, a-t-il relevé.

“La Russie est un magnifique pays d’art. On n’a pas toujours l’occasion de savoir ce qui se fait là-bas en matière d’art contemporain. Notre public va découvrir des choses vraiment nouvelles”, a poursuivi M. Marin.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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