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Un jeune sur cinq est victime de violences graves à la maison

En Suisse, frapper ses enfants était jadis considéré comme normal pour leur éducation (image symbolique). KEYSTONE/CHRISTOF SCHUERPF sda-ats

(Keystone-ATS) En Suisse, un jeune sur cinq subit des violences graves à la maison, selon une étude de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW). Les parents frappent leurs enfants avec un objet ou le poing, leur donnent des coups de pied ou les battent.

Deux jeunes sur cinq sont exposés à des actes de violence légère, par exemple une gifle. Le journal alémanique Nordwestschweiz a fait écho dans ses pages vendredi de cette étude, que l’ats a pu se procurer.

Parallèlement, 80% des personnes interrogées, âgées de 17 ans, estiment que leurs parents leur accordent une “grande” attention. “Les enfants reçoivent souvent de l’attention quand tout va bien, alors que les parents recourent à la violence quand ils sont stressés”, affirme à l’ats Dirk Baier, qui a dirigé l’étude.

Selon les résultats intermédiaires de l’étude, les jeunes qui subissent le plus de violence de leurs parents viennent du Kosovo, de Serbie et Macédoine (40%). En deuxième place se trouvent les enfants de parents d’origine portugaise (37%). Les enfants de parents suisses ferment la marche, avec un jeune sur dix exposé à des violences.

La pauvreté, facteur de stress

La situation financière joue également un rôle. Dans les familles qui dépendent de l’aide sociale ou d’une indemnité de chômage, la part de géniteurs violents est deux fois plus élevée que dans les autres familles.

Le recours plus fréquent à la violence peut s’expliquer par la pauvreté qui touche ces personnes. Cela crée des tensions au sein du cercle familial. Ayant dû fuir leur pays pour des raisons politiques – comme la guerre – ou économiques, les immigrés sont plus souvent exposés au stress, car ils ont plus souvent un statut social précaire, évoque M. Baier.

Par ailleurs, dans certains pays, les punitions corporelles sont considérées par la société comme partie intégrante de l’éducation. C’était le cas en Suisse il y a quelques décennies. Le droit des parents de prodiguer des châtiments corporels à leur progéniture a été aboli en 1978. Il n’existe cependant pas d’interdiction formelle.

Les chercheurs ont pour l’instant interrogé la moitié des 10’000 participants à l’étude de la haute école. La tendance qui se dessine à ce stade devrait se confirmer d’ici la fin de l’analyse, même s’il devait y avoir quelques points de pourcentage d’écart, pronostique Dirk Baier. Il souligne que la violence domestique en tant que méthode d’éducation est en recul depuis dix ans en Suisse.

Le recours à la violence psychique n’a pas été analysé. Le chercheur pense que les différences entre familles d’immigrés et suisses sont plus faibles face à ce genre de violence.

Un thème qu’il faut aborder

Introduire une loi qui interdirait les punitions corporelles comme méthode éducative permettrait de lancer le débat sur la question et de sensibiliser la société au problème, estime M. Baier

L’Allemagne a interdit le châtiment corporel sur des enfants en 2000. Une étude portant sur des jeunes de 15 ans avait révélé que 13% d’entre eux étaient victimes de violences graves de la part de leurs parents. Le thème de la violence est abordé dans les écoles, lors de réunions entre enseignants et parents d’élèves.

Il faudrait aussi mieux concerner les immigrés, selon le chercheur. En Allemagne, le journal turc Hürriyet a publié des articles sur l’éducation non violente.

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