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Un mort et des pillages après une victoire de l’Algérie en football

Le ministre français de l'Intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé des incidents "inacceptables" (archives). KEYSTONE/EPA/LEGNAN KOULA sda-ats

(Keystone-ATS) Une mère de famille tuée par un chauffard, des dizaines d’interpellations, des magasins pillés, des échauffourées… En France, les rassemblements célébrant la victoire de l’Algérie en quart de finale de la Coupe d’Afrique ont été ternis par des incidents.

A Montpellier, un supporter roulant à vive allure et klaxonnant à tout va a perdu le contrôle de son véhicule et fauché une famille de trois personnes. La mère de 42 ans a été tuée sur le coup et son bébé grièvement blessé. La fille de 17 ans a encore été blessée à la cheville. Le chauffard a été placé en garde à vue.

Tout avait commencé par une immense liesse dans plusieurs villes de France où vivent de nombreux Algériens et double-nationaux et alors que les relations entre France et Algérie sont compliquées. Par le passé, le foot a déjà cristallisé ces tensions, comme lors d’un match France-Algérie en 2001 où des supporters algériens avaient sifflé l’hymne français et envahi le terrain.

74 interpellés

Jeudi, après la victoire de l’Algérie en quart de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN)-2019, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour fêter la qualification de l’Algérie. Mais en fin de soirée, des incidents ont éclaté notamment dans le secteur de la célèbre avenue des Champs-Elysées à Paris.

Au total, 74 personnes ont été interpellées en France et 73 placées en garde à vue, a indiqué vendredi le ministère de l’Intérieur, à la suite de “dégradations et incidents inacceptables”, selon le ministre Christophe Castaner. Le ministre a promis “des sanctions et des moyens renforcés pour que ces comportements soient systématiquement neutralisés”.

A Paris, 40 personnes ont été placées en garde à vue, dont 10 mineurs, pour des feux et des jets de projectile. Une dizaine de commerces ont été dégradés dans le secteur des Champs-Elysées de la capitale française, dont certains pillés par des dizaines de personnes, comme un magasin Ducati, où des motos ont été volées. Quelque 3000 personnes s’étaient rassemblées dans le quartier pour faire la fête.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène notamment autour de la place de l’Etoile pour repousser des groupes qui leur lançaient des projectiles. Venu sur place vendredi, le préfet de police a lui aussi fait un parallèle avec une manifestation du mouvement social des “gilets jaunes” qui avait dégénéré en décembre.

“Problème de sécurité”

Le maire du XVIIe arrondissement de Paris, Geoffroy Boulard, “en colère” après ces scènes de “pillages inadmissibles” dans son secteur, a estimé qu’il y avait eu “à l’évidence un problème de sécurité hier soir”. Il affirme avoir eu des garanties pour que la surveillance soit “renforcée” pour le prochain match, quand l’Algérie rencontrera le Nigeria dimanche soir.

En région parisienne, des poubelles ont été incendiées et des policiers pris à partie mais il n’y a pas eu de blessés, ni interpellations. A Marseille, où s’étaient réunis près de 9000 personnes, la foule la plus importante, aucun “heurt n’a été déploré”, d’après la préfecture.

A Tours, “il y a eu intention” de changer le drapeau français pour un drapeau algérien sur une place de la ville. Mais l’auteur de cette tentative a été intercepté avant”, a expliqué une source policière.

Le Rassemblement national (extrême-droite) a demandé au gouvernement d’interdire aux supporters d’accéder dimanche soir aux Champs-Elysées. “Il s’agit de véritables démonstrations de force dont l’objectif est de signifier ostensiblement une présence massive et un rejet de la France”.

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