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Un nouveau plan d’action national prévoit 28 actions pour 2017-2020

La prostitution est la principale forme de traite d'êtres humains qui touche la Suisse (image symbolique). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse poursuit sa lutte contre la traite d’êtres humains. Publié jeudi, le deuxième plan d’action national prévoit 28 actions ciblées et concrètes pour la période 2017-2020 afin de lutter contre des crimes qui ne se limitent pas à l’exploitation sexuelle.

La traite d’êtres humains prend des formes très diverses, rappelle le plan. Si le phénomène touche surtout la prostitution en Suisse, il englobe aussi l’exploitation au travail. Trompées par leurs bourreaux, les victimes sont des personnes fragiles, menacées de contrainte ou de violence à l’égard de leurs proches restés au pays.

L’exploitation va du simple non-respect des salaires usuels dans la branche à la séquestration sur le lieu de travail, en passant par la confiscation des papiers d’identité ou les menaces à l’égard de l’employé ou sa famille. Les situations d’exploitation sont souvent très difficiles à reconnaître, y compris lorsqu’elles sont liées aux flux de réfugiés.

Sensibiliser les médecins

Le nouveau plan d’action met donc d’abord l’accent sur la formation des policiers, procureurs, membres d’ONG et collaborateurs des services de migration cantonaux. Une campagne de sensibilisation du personnel médical est également prévue afin que des professionnels rencontrant des victimes adoptent l’attitude adéquate et les orientent vers des centres de consultation pour l’aide aux victimes.

Créé à l’Office fédéral de la police (fedpol) en 2003, le Service de coordination contre la traite d’êtres humains et le trafic de migrants (SCOTT) souhaite par ailleurs achever son guide pratique facilitant la détection des situations de traite au travail. Au menu encore, une adaptation de la statistique policière sur la criminalité afin de différencier dès 2019 la saisie des formes d’exploitation (sexe, travail, prélèvement d’organes).

En matière de poursuite pénale, le plan prévoit dès cette année l’établissement d’une liste de spécialistes de la lutte contre la traite d’êtres humains au sein des corps de police et du corps des gardes-frontière. En 2018, les polices devraient également disposer de lignes directrices pour identifier les victimes.

L’organe de pilotage du SCOTT entend par ailleurs approuver en 2018/2019 un programme national de protection des victimes qui décrira tous les instruments permettant d’accorder une aide aux victimes. Le groupe de travail institué lors du premier plan d’action 2012-2014 pour mieux identifier les victimes de la traite parmi les demandeurs d’asile poursuivra ses travaux et devrait livrer un document de référence d’ici à 2020.

Tables rondes

Les services cantonaux de migration devraient aussi se rencontrer une ou deux fois par an pour parler des mineurs non accompagnés et de la traite des enfants en Suisse. Le plan d’action prévoit enfin diverses tables rondes, que ce soit pour réunir les cantons et évaluer les actions cantonales de lutte (2019) ou à l’échelon international.

Fedpol fait partie du groupe d’experts INTERPOL contre la traite des êtres humains. L’office coordonne sur le plan national les journées d’action simultanée communes à toute l’UE qui servent à mieux identifier de potentielles victimes et des réseaux criminels. Il coordonne les projets de coopération policière Suisse-Roumanie et Suisse-Bulgarie afin de faciliter la mise au jour des cas de traite des êtres humains et les enquêtes en la matière.

Ampleur méconnue

Fedpol a recensé 812 assistances aux victimes de traite d’êtres humains entre 2010 et 2015 en Suisse. Un registre similaire tenu par les centres d’assistance aux migrantes et aux victimes de la traite des femmes fait état de 905 conseils dispensés durant cette période.

Entre la moitié et deux tiers des affaires en cours touchent des personnes venant d’Europe de l’Est (Roumanie, Bulgarie et Hongrie). Néanmoins, comme la traite d’êtres humains se passe le plus souvent dans l’illégalité, le nombre réel de victimes en Suisse est méconnu.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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