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Un oui et deux non du peuple suisse

Doris Leuthard, Alain Berset et Guy Parmelin, de droite à gauche, devant la presse après la triple victoire du Conseil fédéral. KEYSTONE/EPA KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Non aux initiatives AVSplus et pour l’économie verte, oui à la loi sur le renseignement. Les Suisses ont suivi sur toute la ligne le Conseil fédéral ce dimanche, avec des résultats clairs. La participation avoisine les 43%.

Près de six Suisses sur dix ont refusé de relever les rentes AVS de 10%. L’initiative populaire “AVSplus: pour une AVS forte” des syndicats et de la gauche a été rejetée à 59,4%. Le texte n’a reçu le soutien que de cantons latins, le Jura en tête avec 59,5%.

Neuchâtel suit avec 54%, Genève 53,6%, le Tessin 53,4% et Vaud dit “oui” du bout des lèvres, à 50,3%. Bâle-Ville rejette le texte de justesse (50,9%). Le Valais s’y oppose à 59%, le canton de Fribourg à 57,2% et celui de Berne à 60,2%. Le refus le plus prononcé vient du demi-canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures, avec 77,7% de “non”.

“Juste milieu”

Par leur “non” au texte des syndicats et de la gauche, les Suisses ont indiqué qu’ils rejetaient des rentes plus élevées que maintenant, a estimé Alain Berset devant les médias. “La population est consciente des problèmes de la retraite, mais elle préfère un juste milieu”, a-t-il ajouté, défendant sa réforme de la prévoyance vieillesse, actuellement aux mains du Parlement.

“Après la votation, c’est avant les débats”, a résumé le ministre des assurances sociales, rappelant les discussions qui se dérouleront dès ce lundi à la Chambre du peuple. Pour lui, il était important de clarifier le sort de l’initiative avant ces débats. “Mais je ne suis pas certain que le résultat aura une immense influence sur les décisions du National”, a-t-il précisé.

“Mini-röstigraben”

Le rejet de l’initiative “AVSplus” a fait réapparaître un “mini-röstigraben”. Depuis l’historique “nein” à l’EEE, une vingtaine de votations ont été marquées par des “röstigraben”.

La dernière fois que les Romands se sont démarqués des Alémaniques, c’était le 9 février 2014 dans le cadre de la votation sur l’immigration de masse. Alors que les francophones ont voté en bloc contre l’initiative de l’UDC, seuls les cantons alémaniques de Zurich, Zoug et Bâle-Ville ont fait de même.

Exception genevoise

Le peuple a également rejeté par 63,6% l’initiative pour une économie verte. Seul Genève a soutenu par 51,9% des voix le texte des écologistes qui voulait empêcher la Suisse de consommer davantage de ressources que ce qu’offre la planète. Les plus hostiles au contraire sont les Schwyzois avec 78,5% de “non”.

Les Romands sont généralement moins catégoriques que les Alémaniques. Les Vaudois rejettent le texte par 53,7% des voix, les Jurassiens par 55,2%, les Neuchâtelois par 56% et les Fribourgeois par 62,6%. Les Bernois ont dit “non” à 62,7%. Le Valais sort de la moyenne avec 70,8% de rejet.

Le refus des Tessinois s’inscrit à 60%. Bâle-Ville mis à part, tous les cantons d’outre-Sarine ont repoussé l’initiative à plus de 63%.

Ne pas se reposer sur ses lauriers

La ministre de l’environnement Doris Leuthard a salué le rejet de l’initiative sur l’économie verte. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se reposer sur ses lauriers, a estimé la démocrate-chrétienne en annonçant la poursuite des efforts vers une économie verte.

Pour le Conseil fédéral, le résultat du scrutin n’est pas un non à l’économie verte, mais seulement à l’initiative soumise au peuple, a expliqué Doris Leuthard à la presse. Le texte aurait eu trop de conséquences négatives pour les entreprises et les ménages.

Malgré les efforts déjà déployés et d’excellents taux de recyclage notamment, les Suisses utilisent trop de ressources. Il faut viser une économie verte, mais par étape et en concertation avec les entreprises, a relevé la ministre.

Renforcer la surveillance

Enfin, deux Suisses sur trois ont accepté de renforcer l’arsenal à disposition du Service de renseignement de la Confédération (SRC). La nouvelle loi qui autorise une surveillance intrusive à certaines conditions a reçu l’aval de 65,5% des votants. Tous les cantons ont dit “oui”.

La palme du soutien à la nouvelle loi vient de Vaud, où plusieurs personnalités de gauche se sont mobilisées en faveur du texte. Le “oui” a atteint 74,2%. Bâle-Ville est en revanche le canton le plus réfractaire à renforcer les moyens donnés au SRC. Il n’a donné son aval qu’à 55%.

L’ampleur du “oui” oscille entre 60 et 65% dans la majorité des cantons. Genève (61,2%), le Jura (63,2%) et le Valais (64,8%) se retrouvent dans cette fourchette. Neuchâtel (65,1%) et Berne (65,9%) la dépassent de justesse alors que le soutien à la loi excède les deux tiers des votants à Fribourg (67,2%).

Moyens modernes

La nouvelle loi sur le renseignement devrait entrer en vigueur en septembre 2017. D’ici là, le Conseil fédéral va élaborer les dispositions d’application, évaluer l’acquisition de moyens techniques nouveaux et désigner la nouvelle autorité de surveillance, a indiqué le ministre de la défense Guy Parmelin à l’issue du scrutin.

La nouvelle loi va donner des moyens modernes au Service de renseignement de la Confédération, mais prévoit aussi des contrôles supplémentaires pour répondre aux craintes de bon nombre de citoyens, a souligné le conseiller fédéral devant la presse, en exprimant sa grande satisfaction face à un résultat aussi net.

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