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Un père infanticide conteste sa peine

Un père infanticide de 50 ans a contesté son jugement mercredi devant le Tribunal cantonal. Il a essayé de convaincre les juge qu'il s'agissait d'un accident et non d'un assassinat. Le jugement sera rendu ultérieurement. KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Condamné à 16 ans de prison, un père infanticide de 50 ans conteste la sanction. Il a comparu mercredi devant le Tribunal cantonal pour tenter de convaincre les juges qu’il s’agissait d’un accident.

La défense a soutenu cette thèse de l’accident, estimant que le Ministère public n’a pas pu prouver l’assassinat. Pour l’avocat de l’accusé, le doute doit profiter à son client. Il a demandé une peine de deux ans de réclusion avec sursis pour homicide par négligence.

La vision de la défense n’est pas partagée par le Ministère public, ni par la partie civile. L’acte a été planifié. Le père a étranglé sa fille de sept ans. Les marques relevées sur le corps de la victime en témoignent, a expliqué la procureure.

Les faits remontent à juin 2012. Vers 01h30 le lundi 4 juin, la police pénètre dans un appartement de Loèche-les-Bains (VS). Elle y trouve sur un lit le corps sans vie d’une fille de sept ans. Son père est assis par terre dans un état comateux.

Etranglée

L’homme était sous l’emprise de médicaments. Il ne conteste pas avoir tué sa fille. Mais il explique avoir voulu se suicider et que sonné par les médicaments, il n’a pas eu conscience qu’un jeu avec sa fille a tourné au drame.

L’accusation conteste cette thèse ainsi que la mère de la victime, désormais divorcée du père et partie civile. Selon le rapport du médecin légiste, les marques sur le corps de la fille indiquent un étranglement avec violence. L’accident peut être écarté, selon l’avocat de la partie civile.

Le jeu évoqué par le père, un étranglement juste pour perdre conscience comme le font certains adolescents, est une théorie “absurde” selon la procureure. L’accusé cherche ainsi à se dédouaner de sa responsabilité.

Un autre scénario

La défense évoque un tout autre scénario. Parti en week-end avec sa fille à Loèche-les-Bains, le père tente de se suicider. Le samedi soir, il absorbe une grande quantité de médicaments. Mais dans son lit, sa fille ne parvient pas à s’endormir. L’homme joue avec elle à ce jeu de strangulation auquel la fille prétendait jouer à l’école.

Et c’est le drame, sans même que le père ne s’en rende compte. Sonné par les médicaments, il sombre lui-même dans l’inconscience jusqu’à l’arrivée de la police une trentaine d’heures plus tard.

Des lacunes

La science n’est pas parvenue à tout expliquer. L’heure de la mort de la fille se situe entre le samedi 2 juin à 22h30 et le dimanche 3 juin à 09h45. Quant à l’heure de la prise de médicament part le père, les analyses n’ont pas permis d’établir la moindre fourchette.

Pour la défense, l’heure de la prise des médicaments est capitale et peut faire la différence entre assassinat et homicide par négligence. L’avocat a estimé que la version de l’accusé est tout à fait plausible et que la cour doit s’en tenir aux faits.

L’accusation évoque les problèmes d’un couple en instance de divorce. Le père a voulu se venger du fait que sa femme l’a trompé. Il a voulu lui faire payer son acte comme semblent l’indiquer plusieurs messages envoyés à des connaissances, a déclaré la procureure.

La défense a voulu relever les antécédents familiaux difficiles du père. Sa mère était dépressive, bipolaire et son frère s’est suicidé après trois tentatives. L’accusé lui-même avait par le passé tenté de se donner la mort. Il souffrait de dépressions régulières depuis 1996.

En dernière parole, l’accusé a déclaré “je suis responsable de ce qui s’est passé, mais pas de ce dont on m’accuse”. Le jugement sera rendu ultérieurement.

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