Des perspectives suisses en 10 langues

Un robot pour sensibiliser les élèves aux dangers d’Internet

(Keystone-ATS) Il s’appelle Noa Wallis, mesure soixante centimètres environ et veut sensibiliser les élèves valaisans aux dangers d’Internet. Le préposé cantonal à la protection des données, Sébastien Fanti, en est complètement gaga.

Sébastien Fanti pose une imposante valise noire sur la table. Il en sort avec précaution un drôle de petit humanoïde blanc et rouge, les yeux ronds, les membres grossiers et articulés. Il avoue: “Je l’ai reçu il y a seulement quelques semaines et j’en suis fou!”

Et le préposé valaisan à la protection des données de planter ses yeux dans celui du robot: “Tu es beau”, lui dit-il en lui caressant la tête. “Tu n’es pas mal non plus”, lui répond le petit robot, tout clignotant de lumière verte et bleue.

“Il s’appelle Nao, mais nous l’avons rebaptisé Noa Wallis. Il peut parler vingt-deux langues”, explique brièvement M. Fanti, avant de solliciter à nouveau l’attention des deux caméras cachées dans la tête du robot. “Assieds-toi!”. L’humanoïde obéit. “Lève-toi et danse!”. “Veux-tu que je fasse du tai chi?”, répond le robot avant de faire une démonstration bluffante de la fameuse gym de santé chinoise.

Trop vieux et pas sexy

Enthousiasmé par les prouesses ludiques du robot, Sébastien Fanti n’en perd pas moins son objectif: utiliser Noa Wallis pour sensibiliser les jeunes à la problématique de la protection des données, notamment sur les réseaux sociaux. Noa contera aux enfants ses mésaventures, comme la prise de contrôle de son compte Facebook par un inconnu, et leur montrera, via une projection, comment il a résolu le problème.

“Fanti est trop vieux, pas sexy, il a les tempes grisonnantes; il ne peut pas être le référent auprès des enfants. Le robot Noa, si!”, lance le préposé cantonal, également avocat spécialisé dans les nouvelles technologies et l’Internet.

Fin juin, il a testé Noa dans deux classes primaires à Sion. Fabrice Fournier, enseignant, raconte: “les enfants se sont montrés très intéressés par le robot et ce qu’il peut faire. Ils ont posé beaucoup de questions. Même les petits de 4-5 ans étaient étonnamment concentrés pendant les 45 minutes de présentation”.

Fabrice Fournier est prêt à poursuivre l’expérience en ciblant sur la prévention, indispensable selon lui: “les enfants sont à l’aise avec l’Internet, mais ils ne se rendent pas compte de ses dangers”.

Une flotte de robots

Le département valaisan de la formation regarde “avec intérêt et un brin d’amusement” le projet de Sébastien Fanti. “Nous attendons qu’il nous soit présenté en détail pour pouvoir l’analyser”, indique Jean-Marie Cleusix.

Le chef du service valaisan de l’enseignement trouve a priori “l’idée bonne” et la prévention “très importante”. Le petit robot serait un complément pour l’enseignant, au même titre que d’autres outils informatiques pédagogiques déjà utilisés par exemple dans l’apprentissage des langues, souligne-t-il.

La machine coûte 4700 francs environ, auxquels il faut ajouter quelque 2600 francs pour la programmation. La somme est prise en charge par le budget du préposé cantonal à la protection des données.

A terme, Sébastien Fanti rêve de disposer d’une “flotte de robots”. Volubile, il explique: “Eux, contrairement au préposé, ne sont jamais fatigués. Ils peuvent le remplacer durant des heures et dans différents lieux à la fois. De quoi amplifier formidablement une campagne de prévention!”.

“Fais un saut périlleux”

Nao a été développé par la société française Aldebaran Robotics. L’EPFL par exemple l’utilise comme outil pédagogique sous le nom de “Cowriter”. L’humanoïde devient alors un élève à qui les enfants apprennent à écrire tout en reprenant confiance en leurs capacités.

Mais il y a aussi le robot japonais “Robear”, capable de déplacer des patients invalides. Ou encore le petit “Kirobo” qui fait la causette à un astronaute japonais à bord de la station spatiale internationale ISS.

“Nous n’échapperons pas aux robots. Il est très important d’aborder la question également d’un point de vue éthique”, souligne Sébastien Fanti.

“Fais un saut périlleux”, demande le préposé cantonal à Noa Wallis. “Je veux bien essayer, mais je ne te promets rien”: le robot plie légèrement les jambes et lâche: “Non, ça fait trop peur!”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision