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Un sommet pour concrétiser une force anti-djihadiste

Emmanuel Macron s'était déjà rendu à Gao, au Mali, quelques jours après son investiture (archives) KEYSTONE/AP EPA POOL/CHRISTOPHE PETIT TESSON sda-ats

(Keystone-ATS) Les chefs d’Etat de cinq pays du Sahel se réunissent ce dimanche à Bamako, au Mali, en présence du président français Emmanuel Macron. But de l’opération: concrétiser leur projet de force régionale contre les groupes djihadistes.

Le dirigeant français est arrivé dans la nuit, rejoignant son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, président en exercice du G5 Sahel, qui avait accueilli samedi ses pairs Idriss Déby Itno (Tchad) Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mahamadou Issoufou (Niger).

Tous veulent lutter contre les attaques djihadistes qui visent le Mali et gagnent les Etats voisins, en pouvant poursuivre leurs auteurs au-delà des frontières.

Dans un nouveau geste de défi aux dirigeants de la région, la principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a diffusé samedi, à la veille du sommet, une vidéo montrant six otages étrangers, dont la missionnaire bâloise Béatrice Stockly, enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017.

Environ 5000 soldats au départ

Emmanuel Macron a été reçu dans la matinée par M. Keïta, juste avant l’ouverture du sommet prévue en fin de matinée. Celui-ci vise à définir les modalités de cette force. Le président français devrait annoncer un soutien surtout en équipements, selon l’Elysée.

Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la force du G5 s’ajoutera à l’opération française Barkhane qui traque les djihadistes dans le Sahel et à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).

L’idée d’une force régionale, soutenue par Paris, avait été relancée le 6 février lors d’un sommet à Bamako. Elle doit démarrer avec environ 5000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme.

“Le poste de commandement de cette force sera basé au centre du Mali, à Sévaré”, a indiqué le général Didier Dacko, chef d’état-major de l’armée malienne avant d’être nommé en juin à la tête de la force du G5.

Protéger aussi l’Europe

L’Union européenne (UE) a promis 50 millions d’euros, mais une telle force requiert au moins 400 millions d’euros, selon les experts. Le budget prévu avoisinerait les 500 millions d’euros, a indiqué à l’AFP une source au sein de la délégation mauritanienne.

La France, elle-même en pleine recherche d’économies pour cause de déficit budgétaire aggravé, espère le soutien d’autres pays de l’UE, en faisant valoir que son engagement militaire au Sahel protège l’Europe toute entière.

Elle compte notamment sur l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, et espère aussi un “soutien concret” des Etats-Unis, présents militairement avec des drones basés au Niger.

Recrudescence de la violence

Le Mali est sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis l’attentat djihadiste contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui avait fait 20 morts, outre ses deux auteurs.

Le 18 juin dernier, un lieu de villégiature proche de Bamako a été attaqué, faisant cinq morts, en plus de quatre assaillants tués.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en 2013 à l’initiative de la France.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques.

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