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Un suspect recherché après l’attentat de Bangkok

(Keystone-ATS) La police thaïlandaise recherchait mardi un “suspect” après l’attentat à la bombe qui a fait 22 morts lundi à Bangkok. L’attaque a été qualifiée par le chef de la junte au pouvoir de “pire jamais” commise en Thaïlande.

Signe que la tension n’était pas retombée mardi, un petit engin explosif a été jeté d’un pont, selon un policier présent sur les lieux. On ne comptait aucun blessé.

L’attaque de lundi a eu lieu à la tombée du jour, lundi, au sein d’un sanctuaire à ciel ouvert, lieu très fréquenté de la capitale thaïlandaise. A cette heure de pointe, la foule des employés et cadres de la capitale croise celle des touristes étrangers, attirés par les immenses centres commerciaux et les hôtels de luxe à proximité.

D’après Prayut Chan-O-Cha, chef de la junte et Premier ministre depuis le coup d’Etat de mai 2014, un “suspect” repéré sur les caméras de surveillance près du site de l’explosion de lundi est recherché. “J’ai ordonné que les images des caméras soient vérifiées car il y a un suspect, mais ce n’est pas clair qui il est”, a-t-il dit aux médias.

Des files pour donner du sang

Dans les rues du centre-ville de Bangkok, de nombreuses forces de police avaient été déployées et des centaines d’écoles fermées. Au centre de la Croix-Rouge, des centaines de Thaïlandais faisaient la queue pour donner leur sang.

Des policiers étaient encore déployés sur le site de l’attentat à la recherche de nouveaux indices, au milieu des flaques de sang. “La police n’exclut rien, y compris la politique intérieure et le conflit relatif aux Ouïghours que la Thaïlande a renvoyés en Chine”, a déclaré mardi le chef de la police, Somyot Pumpanmuang, aux médias.

La Thaïlande a expulsé en juillet 109 Ouïghours vers la Chine. Des centaines, voire des milliers, de membres de cette minorité musulmane turcophone ont fui les troubles qui agitent le Xinjiang, région de l’ouest de la Chine où ils se disent persécutés.

Pas revendiqué

Les autorités chinoises imputent ces violences à des rebelles séparatistes. Mais l’armée juge que le mode opératoire “ne ressemble pas” aux méthodes employées par les rebelles séparatistes du sud de la Thaïlande. Aucun groupe n’a pour l’instant revendiqué l’attentat.

Le porte-parole de la police thaïlandaise a avancé mardi un bilan global de 22 morts et 123 blessés. Neuf étrangers figurent parmi les personnes tuées – quatre Chinois, deux Malaisiens, un Indonésien, une personne originaire des Philippines et une autre de Singapour.

A Berne, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qui “condamne fermement cet attentat”, a indiqué n’avoir aucune information faisant état de victimes suisses.

Baht et bourse en baisse

Les autorités thaïlandaises estiment que les auteurs de l’attentat visaient les “étrangers” et voulaient “porter atteinte au tourisme”. Le tourisme est l’un des rares secteurs porteurs de l’économie thaïlandaise, qui continue de souffrir plus d’un an après le coup d’Etat de l’armée en mai 2014. Il représente environ 10% de l’activité du pays.

Le gouvernement espérait un nombre record de visiteurs cette année après le net recul enregistré en 2014 en raison de l’agitation politique. Le cours du baht thaïlandais s’est effondré mardi touchant un plus bas depuis six ans. La Bourse de Bangkok, inquiète des répercussions que cela pourrait avoir sur ce secteur vital était aussi en baisse.

La Thaïlande, pays très divisé, est le théâtre de violences politiques meurtrières depuis environ une décennie.

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