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Une centaine de personnes sous les fenêtres de Pierre Maudet

La mobilisation contre le renvoi d'une fratrie kurde n'a pas fait fléchir le conseiller d'Etat Pierre Maudet. Les jeunes gens sont arrivés à Zagreb mercredi matin. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) A l’appel de l’association Solidarité Tattes, une centaine de personnes s’est rassemblée sous les fenêtres du bureau du conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet mercredi. Elles protestaient contre le renvoi en Croatie d’une fratrie kurde qui demandait asile en Suisse.

Le jeune homme et ses deux soeurs, âgés de 22 à 25 ans, sont actuellement à Zagreb, a fait savoir la conseillère nationale verte Lisa Mazzone. “Nous sommes en proie aujourd’hui à un grand sentiment d’impuissance”, a ajouté l’élue.

La fratrie kurde a été renvoyée en Croatie conformément aux accords de Dublin. Ces personnes avaient pourtant une proche parente en Suisse. Les manifestants ont déploré que les autorités helvétiques aient ignoré ce fait.

Les cas Dublin prévoient pourtant que chacun puisse avoir droit à une vie de famille, a relevé Mme Mazzone. Les représentants de Solidarité Tattes ont dénoncé la violence de l’arrestation des trois Kurdes de Syrie, qui ont été traités “comme de grands criminels”.

Vol spécial critiqué

Dans un communiqué publié dans la soirée, la section genevoise de la Ligue suisse des droits de l’homme (LSDH) a jugé “désolant” de constater que les trois kurdes “ont été expulsés par un vol de niveau 4, à savoir un vol spécial, lors duquel les personnes à rapatrier sont généralement entravées aux poignets, aux chevilles et aux bras au moyen de manchettes reliées à un ceinturon”.

La loi ne permet de recourir à ce genre de procédé que lorsque “la personne à rapatrier est susceptible d’opposer une forte résistance physique” et ne doit être utilisé que si un renvoi par vol de ligne n’a pas pu être effectué en raison de la résistance de l’intéressé, ajoute-t-elle.

Pour la LSDH-Ge, il est d’ailleurs “frappant” de constater que cette arrestation est intervenue moins d’un jour avant que la Suisse n’ait l’obligation légale de traiter la demande d’asile de la fratrie. “La volonté du ‘renvoi à tout prix’ au mépris de droits fondamentaux est donc particulièrement aberrante dans le cas d’espèce”, dénonce-t-elle.

Un frère, mineur au moment de l’arrivée en Suisse de la fratrie, se trouve actuellement à Genève. Les jeunes gens, arrivés mercredi matin à Zagreb, sont désemparés, selon les militants de Solidarité Tattes. Ils ont émis le désir de revenir en Suisse.

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