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Une clinique protégée contre les militants anti-avortement

Des militants anti-avortement manifestent depuis plus de 20 ans devant la clinique (archives) KEYSTONE/AP/PETER MORRISON sda-ats

(Keystone-ATS) Une clinique londonienne est devenue lundi la première au Royaume-Uni à bénéficier d’une protection administrative visant à éloigner des militants anti-avortement. Ceux-ci manifestent depuis plus de 20 ans devant ses portes.

Cette zone d’exclusion a été décidée par la municipalité du quartier de Ealing, dans l’ouest de Londres, à la suite de plaintes de patientes et d’employés de la clinique Marie Stopes affirmant avoir fait l’objet d’intimidations et de harcèlement. Ce système pourrait servir de modèle à l’échelle nationale. A l’origine de cette décision se trouve une pétition signée par quelque 3600 résidents, qui avait été suivie d’une consultation publique.

L’avortement est légal en Grande-Bretagne depuis 1967 et bénéficie d’un fort soutien dans l’opinion publique, mais les manifestations à l’extérieur d’établissements spécialisés, notamment de la part de groupes financés depuis les Etats-Unis, sont en augmentation.

Ce week-end, avant que l’interdiction n’entre en vigueur, un petit groupe de personnes s’est rassemblé à l’extérieur de la clinique, priant à voix haute et proposant des dépliants anti-avortement.

Le dispositif doit rester en vigueur pendant trois ans. Des mesures similaires pourraient être prises au niveau national. La ministre de britannique de l’intérieur, Amber Rudd, a lancé une étude sur la question en novembre dernier, déclarant qu’il était “totalement inacceptable” que des personnes puissent être harcelées pour l’exercice de leur droit aux soins médicaux.

Piquet quasi tous les jours

Cela fait 23 ans que les manifestants anti-avortement assurent une présence devant cette clinique. Hebdomadairement dans un premier temps, puis quasi-quotidiennement ces dernières années.

La résistance des défenseurs d’un libre choix pour les femmes s’est alors organisée. Anna Veglio-White, 25 ans, une habitante du quartier, a créé l’organisation “Sister Supporter”. Elle raconte aujourd’hui avoir vu des femmes s’enfuir de la clinique en pleurs après être tombées sur des militants anti-avortement.

“Vous ne pouvez pas les éviter et vous vous sentez jugées, parce qu’ils vous traitent de meurtrière”, confie-t-elle. “Je suis passée un jour, ils avaient des foetus en plastique. Une autre fois, ils bloquaient la porte”.

Selon un rapport de la municipalité de Ealing, des patientes ont été suivies par des militants anti-avortement après leur départ de la clinique et des employés ont affirmé avoir été victimes de violence verbale et de crachats.

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