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Une erreur du pilote à l’origine de l’accident du F/A-18 en France

Le F/A-18 s'est enfoncé à 90% dans le sol après son crash à Glamondans (F), près de Besançon (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le crash du F/A-18 en 2015 dans la région du Doubs (F) est dû à une erreur du pilote. Le militaire n’a pas appliqué les mesures d’urgence requises. Une enquête ordinaire a été ouverte à son encontre, a indiqué mardi la justice militaire.

D’autres raisons, comme une panne technique, des problèmes de santé du pilote ou l’intervention d’une tierce personne peuvent être exclues comme causes du crash. L’accident survenu le 14 octobre en fin de matinée s’était produit lors d’un exercice de combat aérien dans le Jura français entre un F/A-18D et deux F-5 Tiger.

L’enquête menée par la justice militaire a permis de reconstituer intégralement le déroulement du vol fatidique. Les problèmes sont apparus dans la dernière phase du vol, à savoir pendant le combat aérien. Lors d’un changement de manoeuvre pour attaquer l’un des F-5, l’appareil s’est mis à basculer sur la gauche dans un mouvement de barrique involontaire, indique le résumé du rapport.

Décrochage dans le réacteur

Le pilote a alors corrigé la course de l’avion, mais une alarme a retenti peu après, indiquant un décrochage dans le réacteur gauche, soit un problème de différence de pression, suivi d’une perte de puissance. L’avion a basculé dans un mouvement circulaire et perdu de l’altitude.

Quelques secondes plus tard, le pilote s’est éjecté à une altitude d’environ 1855 mètres. L’avion lui s’est écrasé dans un champ à proximité du village de Glamondans (F). L’épave a entièrement brûlé après l’impact, tandis que le pilote s’est légèrement blessé lors de son atterrissage en parachute.

Retard de 20 secondes de l’alarme

Les diverses expertises menées ont conclu à une erreur du pilote. Ce dernier a omis d’effectuer les procédures d’urgence prescrites. Dans le cas précis, il aurait dû mettre au ralenti le réacteur touché et réduire la pression, ce qui aurait éliminé le décrochage. L’avion serait ainsi redevenu contrôlable.

Les expertises techniques ont cependant révélé que le système de surveillance du réacteur a averti le pilote avec une vingtaine de secondes de retard. Mais ce facteur n’est pas retenu comme une cause directe du crash. Le pilote aurait pu rétablir la trajectoire de l’avion entre le décrochage et le déclenchement de son siège éjectable, selon l’expert technique aéronautique.

Les enquêteurs ignorent pour l’heure la raison du retard de l’alarme réacteur. Ce point fait encore l’objet de clarifications, indique le rapport d’enquête.

Altitudes de sécurité pas respectées

En outre, les altitudes de sécurité de vol n’ont pas été respectées à la lettre. Les pilotes doivent voler à certaines hauteurs minimales selon le type d’exercice et de secteur aérien à disposition. Dans le cas de cet accident, le F/A-18 a évolué à des altitudes respectivement de 457 mètres et 1066 mètres en dessous des prescriptions pour ce type d’exercice.

Sur la base de ces résultats, le pilote est soupçonné de ne pas avoir observé les instructions de service et d’avoir dilapidé le matériel, deux infractions au Code pénal militaire. Une enquête ordinaire a donc été ouverte à son encontre.

Le pilote aux manettes du F/A-18 n’était pas un débutant. Il avait plus de 3000 heures de vol, dont près de 1000 sur le Hornet. Pilote militaire de carrière depuis 1999, il est considéré comme très expérimenté. Il a été déclaré apte au vol sans aucune restriction lors du dernier contrôle médical.

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