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Une femelle ibis chauve égarée a passé l’hiver au Tessin

Hannibal s'est égarée alors qu'elle suivait l'ULM piloté par un de ses "parents" humains et qui emmenait le groupe vers la Toscane l'automne dernier. Waldrappteam/Pablo Przesang sda-ats

(Keystone-ATS) Une femelle ibis chauve nommée Hannibal a refait surface au Tessin. Elle avait perdu le contact avec ses congénères l’an dernier lors de leur migration accompagnée d’Autriche vers l’Italie. Comme la fameuse Shorty il y a trois ans, elle a passé l’hiver en Suisse.

Dans le cadre d’un projet de réintroduction de cette espèce qui avait disparu d’Europe, les oiseaux sont guidés en automne au-dessus des Alpes par un ULM piloté par un de leurs “parents” humains. C’est lors de cette migration saisonnière qui les emmène en Toscane qu’Hannibal a perdu le contact, non loin de sa destination, dans les Apennins.

En juin, l’ibis a été observé près de Milan avant de disparaître à nouveau, a indiqué jeudi dans un communiqué le Waldrappteam de l’organisation LIFE+Reason for Hope, en charge du projet. Mardi, Hannibal a été une nouvelle fois repérée, au Tessin, à l’extrémité nord du lac Majeur. Elle semble en bonne forme.

Ce n’est pas la première fois qu’un ibis chauve fait les gros titres de la presse. Une autre femelle, Shorty, s’était égarée de la même manière en automne 2012. Elle avait passé l’hiver seule au bord du lac de Zoug.

Elle avait aussi séjourné quelques semaines sur le site de la raffinerie de pétrole de Collombey (VS). Depuis, Shorty, devenue une célébrité, a fait plusieurs fois escale en Suisse. Elle a donné naissance à deux petits l’an dernier dans ses pénates de Burghausen, en Bavière (D).

Grandi en captivité

Qu’Hannibal ait passé l’hiver est plus surprenant, car contrairement à Shorty, elle a grandi en captivité. L’oiseau provient du zoo de Rosegg, en Carinthie (A), qui compte une colonie d’une trentaine de ces volatiles noirs bleutés au long bec recourbé rouge et à la tête déplumée.

Hannibal “a montré que nos oiseaux élevés en captivité sont tout à fait capables de survivre dans la nature”, se félicite le directeur du projet de réintroduction, Johannes Fritz, cité dans le communiqué.

Comme cela avait été le cas pour Shorty, le Waldrappteam entend maintenant capturer Hannibal afin de l’intégrer dans la population remise en liberté. L’ibis chauve est en effet un oiseau très social. Une autorisation de capture va être demandée aux autorités suisses.

Comme l’oiseau ne porte pas de collier émetteur, les organisateurs comptent sur des signalements provenant de la population, ainsi que sur la collaboration de partenaires comme la Station ornithologique suisse à Sempach (LU).

Exterminé il y a 300 ans

En attendant son rapatriement et sa réintégration dans la colonie, Hannibal pourrait aller en quarantaine au zoo de Goldau (SZ), comme Shorty par le passé, a indiqué le parc animalier, qui possède une colonie d’ibis chauves.

L’ibis chauve est l’une des espèces d’oiseaux les plus menacées dans le monde. Exterminé pour sa chair, il a disparu de Suisse et d’Europe il y a plus de 300 ans.

C’est pourquoi huit partenaires provenant d’Autriche, Italie et Allemagne s’activent à réintroduire l’espèce sur le continent. Il s’agit notamment de lui réapprendre à migrer vers le sud. Actuellement, avec Hannibal, l’effectif du projet est de 99 oiseaux.

Les sites de nidification se trouvent à Burghausen, Kuchl près de Salzburg (A) et Überlingen (D), au bord du Lac de Constance. Le vol migratoire d’automne conduit les ibis en direction de la ville italienne d’Orbetello, en Toscane.

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