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Une nouvelle manière d’analyser “Guernica” de Picasso

Une autre façon d'appréhender "Guernica" au Musée Reina Sofia à Madrid (archives) KEYSTONE/AP/Paul White sda-ats

(Keystone-ATS) “Guernica”, la fameuse toile de Picasso, est l’objet depuis une semaine d’une exposition virtuelle au musée Reina Sofia à Madrid. Grâce à l’informatique, des documents inédits liés au tableau refont surface.

“Guernica est une source infinie de matériel artistique et c’est un privilège de l’avoir en tant qu’historienne d’art”, estime Rosario Peiro, chargée des collections au musée d’art contemporain de Madrid où est exposé “Guernica” L’exposition “Repenser Guernica” a été inaugurée le 13 novembre dernier dans la capitale espagnole.

“Mettre tout ça ensemble vous permet de repenser l’histoire du tableau”, selon elle. “Guernica” dépeint le bombardement de cette ville du Pays basque, au nord de l’Espagne, le 26 avril 1937, par l’aviation allemande et italienne qui appuyaient le soulèvement du général Franco durant la guerre civile espagnole (1936-1939).

Picasso, alors réfugié en France, avait reçu une commande du gouvernement de la République espagnole d’un tableau qui transmette l’horreur du bombardement pour l’Exposition universelle de 1937 à Paris. Le texte de la commande fait partie des centaines de documents inédits autour du tableau mis au jour par cette exposition.

Ils permettent de retracer les nombreux voyages de l’oeuvre, en Scandinavie, au Royaume-Uni, et même brièvement au Venezuela en 1948, avant qu’un coup d’Etat ne le chasse de ce pays. Parmi ces documents, un télégramme d’Alfred H. Barr, directeur des collections du Musée d’art moderne (MoMA) de New York où le tableau a été exposé pendant des décennies, qui informait Picasso que ses oeuvres n’avaient pas souffert d’un incendie survenu dans le musée en 1958.

Aux poils de pinceau près

Le document le plus massif de cette exposition est une reconstitution virtuelle du tableau en très haute définition, d’un poids de 436 gigabytes. Pour le constituer, des chercheurs ont utilisé des milliers d’images prises avec de la lumière infrarouge et ultraviolette et même à l’aide de rayons X.

Cela permet de voir les détails les plus infimes du tableau de près, comme des poils de pinceau toujours collés ou les restes d’un acte de vandalisme en 1974, à peine visibles même d’aussi près.

Le musée Reina Sofia expose des dizaines de photos de guerre en noir et blanc auprès de “Guernica”. Des critiques ont assuré qu’elles ont joué un rôle dans l’absence de couleur dans le tableau en noir, blanc et gris, alors que le peintre était habitué aux coleurs.

Rosario Peiro espère que ce nouveau projet ouvrira de nouvelles perspectives pour l’une des oeuvres les plus marquantes du XXe siècle. “Guernica est l’oeuvre la plus importante, physiquement et symboliquement, pour le musée, donc nous devons continuer à travailler dessus”, a-t-elle dit. “C’est le moins qu’on puisse faire.”

http://guernica.museoreinasofia.es/

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