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Une personnalité de la TV russe candidate à la présidence russe

Ksenia Sobtchak (au centre) a incarné la jeunesse dorée de la première décennie de l'ère Poutine avant de se rapprocher de l'opposition lors des manifestations de 2011-2012 (archives). KEYSTONE/AP POOL SPUTNIK KREMLIN sda-ats

(Keystone-ATS) La vedette de télévision russe, Ksenia Sobtchak, proche du camp libéral, a annoncé mercredi sa candidature à la présidentielle de mars prochain. La fille de l’ex-maire de Saint-Pétersbourg a acquis une notoriété nationale en animant l’émission de téléréalité Dom 2.

“Comme tout citoyen de Russie, j’ai le droit de me présenter à la présidentielle. J’ai décidé d’utiliser ce droit, ne serait-ce que parce que je suis contre tous ceux qui utilisent ce droit d’habitude”, déclare dans une vidéo postée en ligne la jeune femme de 35 ans, dont le père décédé en 2000 était le mentor politique de l’actuel président Vladimir Poutine.

Parfois surnommée la “Paris Hilton russe”, elle a incarné pendant une décennie “la jeunesse dorée” de l’ère Poutine. Elle a commencé à apparaître dans les rangs de l’opposition en 2012 et a lancé depuis des émissions politiques sur Internet, dénonçant les atteintes à la liberté d’expression en Russie et la corruption.

Journaliste d’opposition

Elle est aussi devenue depuis l’une des principales journalistes de la chaîne d’opposition Dojd. La majorité des médias la réduisaient cependant à son passé de star de la téléréalité, notamment à son passage dans la populaire émission Dom-2, équivalent russe de “Big Brother”, qu’elle a animée durant huit ans.

Pour se présenter en indépendante, il faut désormais que la jeune femme réunisse 300’000 signatures afin que sa candidature soit acceptée par la commission électorale russe.

Un “show” électoral

Cette candidature a été accueillie avec ironie par la presse russe. “Ksenia Sobtchak va participer au show ‘L’élection du Président'”, écrit le quotidien populaire Moskovski Komsomolets dans sa Une. Selon lui, “le cirque pour le peuple est garanti, bien que les gens préféreraient avoir du pain”.

Plusieurs médias jugeaient la candidature de Ksenia Sobtchak comme un moyen de créer une illusion de compétition dans des élections jouées d’avance. Le journal RBK estimait que “l’initiative de Sobtchak n’aurait pu avoir lieu sans l’accord du Kremlin”, la qualifiant de “rivale idéale pour Poutine”.

S’il ne s’est pas déclaré officiellement, le président russe Vladimir Poutine, 65 ans, devrait sauf énorme surprise briguer un quatrième mandat, courant jusqu’en 2024.

Opposition divisée

Avant même d’être annoncée officiellement, l’éventualité de la candidature de Mme Sobtchak avait provoqué la division au sein de l’opposition, dont la principale figure de proue, Alexeï Navalny, mène campagne, mais a été déclarée inéligible jusqu’en 2028 par la commission électorale.

Commentant ce qui n’était qu’une rumeur, M. Navalny avait estimé le mois dernier que, si elle se présentait, Ksenia Sobtchak ne serait qu’un “ridicule” pantin libéral manipulé par le Kremlin pour détourner l’attention des véritables enjeux du scrutin.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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