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Une première condamnation pour l’incendie de l’hôtel Kaiseregg

Vide depuis des années, l'hôtel aurait été incendié dans le but d'être remplacé par un nouveau projet immobilier (archives). Police cantonale FR sda-ats

(Keystone-ATS) L’incendie de l’hôtel Kaiseregg à Planfayon (FR) en 2015 connaît un premier dénouement devant la justice. L’homme qui avait été engagé pour bouter le feu à ce bâtiment désaffecté écope de 33 mois de prison dont 6 mois ferme.

Les 27 mois restants sont assortis d’un sursis de 4 ans. L’auteur du sinistre, un Fribourgeois âgé de 34 ans, a bénéficié d’une procédure simplifiée car il avait admis les faits. Jeudi devant le Tribunal pénal de la Gruyère à Bulle, il a exprimé ses remords.

Les juges ont entériné le jugement proposé par le Ministère public. Le prévenu est reconnu coupable d’incendie intentionnel et de complicité de tentative d’escroquerie. S’y ajoutent d’autres affaires de vols et de mise en circulation de fausse monnaie.

Bien que le sinistre ait eu lieu dans le district de la Singine, ce prévenu a été jugé en Gruyère parce qu’il a commis l’un des vols à Bulle. La procédure le concernant a été séparée de celle menée contre les deux autres hommes suspectés d’être les instigateurs de l’incendie. C’était une décision du procureur général Fabien Gasser.

Deux commanditaires

Ces deux autres individus seront jugés au mois de mars. Leur procès aura lieu au Tribunal pénal de la Sarine à Fribourg, afin qu’il puisse se dérouler en français. Ces deux suspects, dont l’acte d’accusation a été établi en août dernier, nient toute participation.

Cet incendie a nécessité une vaste et longue enquête. Les soupçons se sont portés sur les trois hommes grâce à des éléments découverts dans le cadre d’une autre affaire sur laquelle enquêtait le Ministère public fribourgeois.

L’hôtel-restaurant était vide depuis des années. Son propriétaire voulait le détruire pour réaliser un nouveau projet immobilier. Mais il n’en avait pas reçu l’autorisation de la part des autorités: les façades et les fenêtres étaient soumises à la protection du patrimoine.

Le sexagénaire était entré en relation d’affaires avec un deuxième homme, qui s’intéressait au projet immobilier. C’est ce dernier qui aurait organisé concrètement l’incendie.

Il voulait renoncer

Ce deuxième homme en aurait mandaté un troisième (le prévenu jugé jeudi) pour mettre le feu à l’hôtel. Il lui aurait promis en échange 20’000 francs, somme qu’il ne lui a jamais versée.

A la date prévue pour l’incendie, le prévenu s’est désisté. Mais le lendemain, le commanditaire lui a mis la pression. Il est donc passé à l’acte dans la nuit du 18 au 19 janvier 2015, après avoir avoir inspecté le bâtiment pour s’assurer qu’il n’y avait personne dedans.

Une soixantaine de pompiers sont intervenus pour combattre l’incendie. Le bâtiment a été pratiquement totalement détruit par les flammes, de même que plusieurs véhicules stationnés à proximité.

L’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments (ECAB) avait refusé le paiement du montant assuré du bâtiment (2 millions de francs), et s’était constitué partie civile. Jeudi, le Tribunal a admis ses prétentions civiles sur le principe. Mais ce volet ne sera éclairci qu’après le jugement des deux autres hommes.

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