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Une rapporteuse de l’ONU dénonce un climat hostile aux minorités

Le scandale de Windrush -le traitement des immigrés d'origine caribéenne arrivés au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale- a suscité une vague d'indignation dans le pays (archives). KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN sda-ats

(Keystone-ATS) Londres a créé un “environnement hostile” vis à vis des immigrés clandestins depuis 2010. Cela a engendré un ressentiment envers l’ensemble des communautés ethniques du Royaume-Uni, a jugé vendredi la rapporteuse spéciale de l’ONU sur le racisme.

Il existe au Royaume-Uni “un climat national d’anxiété qui désigne des groupes ethniques, raciaux et religieux entiers comme ennemis présumés”, a déclaré Tendayi Achiume lors d’une conférence de presse à Londres. Elle a rencontré des victimes d’infractions racistes ces deux dernières semaines.

Elle a notamment critiqué la mise en place, par les gouvernements conservateurs en place depuis 2010, dirigés par David Cameron puis Theresa May, de “mesures d’austérité radicales”. Ces dernières ont affecté “de manière disproportionnée” les minorités ethniques.

Mme Achiume a particulièrement visé l’actuelle Première ministre, critiquant l'”environnement hostile” mis en place par celle qui était ministre de l’Intérieur à partir de mai 2010 avant d’arriver à Downing Street en juillet 2016. Elle a notamment invité l’exécutif à abroger l’Immigration Act, voté en 2014 et complété en 2016, estimant qu’il nourrit le ressentiment à l’égard des minorités.

Scandale de Windrush

“La dure réalité est que la race, l’appartenance ethnique, la religion, le genre et le handicap continuent de déterminer les opportunités et le bien-être de la population, dans des mesures inacceptables et bien souvent illégales”, a-t-elle regretté. Elle a cependant salué l’initiative de Theresa May, qui a lancé en 2016 un audit des disparités raciales, “une mesure remarquable pour faire de l’égalité raciale une réalité”.

Sa visite au Royaume-Uni a coïncidé avec le scandale de Windrush – le traitement des immigrés d’origine caribéenne arrivés au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale – qui a suscité une vague d’indignation dans le pays, et a entraîné la démission de la ministre de l’Intérieur de Theresa May, Amber Rudd.

Des milliers d’immigrés étaient venus des pays du Commonwealth entre 1948 – quand le Windrush, premier bateau transportant des migrants depuis les Caraïbes, a débarqué près de Londres – et le début des années 1970, pour aider à reconstruire le pays. Ils avaient obtenu le droit de rester indéfiniment.

Mais ceux qui n’ont jamais réclamé de papiers d’identité en bonne et due forme se sont retrouvés traités comme des immigrés illégaux, courant le risque d’être expulsés s’ils ne fournissaient pas de preuve pour chaque année de présence au Royaume-Uni.

En conclusion, Tendayi Achiume a estimé que le Royaume-Uni devait “faire beaucoup plus” pour combattre les discriminations ethniques et l’intolérance. Elle doit publier un rapport officiel, plus détaillé, en juin 2019.

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