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Une toxine dans les algues affecterait la mémoire des lions de mer

(Keystone-ATS) Une toxine présente dans les algues pourrait provoquer des pertes de mémoire chez les lions de mer, selon une étude publiée lundi. Ils échouent par centaines sur les côtes de Californie, désorientés et malades.

L’acide domoïque est une substance produite naturellement par les algues marines. Mais elle peut entraver la capacité des lions de mer à naviguer dans les eaux et à se souvenir où ils peuvent trouver de la nourriture, note l’étude qui sera publiée dans le journal Science.

L’acide domoïque s’accumule dans les coquillages, les anchois, les sardines ou autres petits poissons que mangent les lions de mer. Ces derniers peuvent au bout d’un moment avoir accumulé de hauts niveaux de toxine.

Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques de l’université de Californie et du Centre des mammifères marins de Sausalito, près de San Francisco, ont effectué des scanners cérébraux et des tests comportementaux sur les lions de mer de Californie.

Pas de certitude

“C’est la première fois que nous découvrons des preuves de changements dans le cerveau de lions de mer exposés à cette toxine, et cela suggère que ces animaux peuvent subir d’importantes pertes de mémoire, pas seulement des déficits de mémoire spatiale”, note Peter Cook, un des auteurs de ces travaux.

On ne sait pas avec certitude si ces toxines sont la cause de ce que les autorités marines décrivent comme “un événement de mortalité anormale”. Des milliers de lions de mer se sont échoués sur les côtes de Californie, dix fois plus nombreux au cours des cinq premiers mois de 2015 que pour la moyenne de ces mêmes mois entre 2004 et 2012, selon l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

Le développement des algues contenant de l’acide domoïque survient principalement au printemps et en automne sur les côtes de Californie, mais elles ont proliféré ces dernières années.

Lésions de l’hippocampe

M. Cook et ses collègues ont étudié 30 lions de mer de Californie, sortes de grosses otaries, dans le centre de soins au Centre des mammifères marins de Sausalito. Les animaux ont subi des IRM (imagerie par résonance magnétique) pour mesurer leurs lésions cérébrales et ont effectué des tests de comportement.

Les lions de mer empoisonnés avec de l’acide domoïque avaient souvent des lésions de l’hippocampe, qui gère la mémoire dans le cerveau. Plus les dommages étaient importants, plus les animaux risquaient de mourir.

“Pour des animaux comme les lions de mer, si vous ne savez pas où vous vous trouvez, vous avez un gros problème”, note le co-auteur de l’étude Charan Ranganath.

Mais les chercheurs estiment que davantage de travaux sont nécessaires pour comprendre à partir de quelle quantité de toxine le cerveau des animaux commence à souffrir.

L’étude sera publiée dans l’édition du 18 décembre du magazine Science mais elle a été rendue publique plus tôt pour coïncider avec une conférence sur la biologie des mammifères marins qui se déroule actuellement à San Francisco.

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