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Une villa sarde, “moyen de corruption” d’Al-Khelaïfi envers Valcke

(Keystone-ATS) La police italienne a perquisitionné et saisi vendredi une villa en Sardaigne, “moyen de corruption” utilisée selon elle par le PDG de beIN Media, Nasser Al-Khelaïfi

La villa en question, à Porto Cervo, marina de carte postale, dont la valeur est estimée à sept millions d’euros, “constitue le +moyen de corruption+ utilisé par Nasser Al-Khelaïfi (…) à l’encontre (de Jérôme Valcke) pour acquérir les droits télévisés relatifs” à plusieurs Coupes du Monde, selon un communiqué de la police italienne.

La “Villa Bianca” appartient à une société immobilière établie à l’international, mais était à la disposition de Valcke, selon le même communiqué. L’opération de vendredi a été menée en présence d’un “représentant du ministère public de la Confédération helvétique”.

Car cet épisode n’est que le prolongement spectaculaire de l’affaire qui a éclaté jeudi quand la justice suisse a révélé l’ouverture d’une enquête pour “corruption privée” présumée dans l’attribution des droits médias de plusieurs Coupes du monde, visant Nasser Al-Khelaïfi, boss de beIN Media, corrupteur présumé, et Jérôme Valcke, corrompu présumé.

Le ministère public de la Confédération (MPC) a en réalité lancé sa procédure en toute discrétion le 20 mars 2017, pour “soupçon de corruption privée, d’escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres”. Dès jeudi, le MPC évoquait une opération “coordonnée”, menée simultanément en France, en Grèce, en Espagne et en Italie.

Valcke, d’autres affaires

Valcke est soupçonné d’avoir “accepté des avantages indus en lien avec l’octroi de droits média dans certains pays”. La Coupe du monde 2018 a été octroyée à la Russie et celle de 2022 au Qatar, dont est natif Al-Khelaïfi, proche de l’émir, lors d’un double vote du Conseil de la Fifa en 2010. Les éditions 2026 et 2030 n’ont pas encore été attribuées.

Depuis 2015, la Fifa est frappée par le plus grand scandale de corruption de son histoire. La justice suisse avait ouvert dès cette année-là une enquête sur les conditions d’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022, sur lesquelles pèsent de forts soupçons de corruption.

Et de nombreux anciens responsables du football mondial ont depuis lors été arrêtés ou ont fait l’objet de demandes d’extradition de la justice américaine. Le procès de plusieurs d’entre eux doit s’ouvrir en novembre devant un tribunal de New York.

De source judiciaire, Valcke avait été interpellé jeudi matin à la sortie d’un hôtel à Genève. La veille, il avait pris part à une audience devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne, où il contestait sa suspension de dix ans.

Dans ce dossier devant le TAS, il réfute notamment son implication dans une affaire de revente de billets du Mondial-2014 qui lui avait valu sa destitution de la Fifa en septembre 2015. Pour ces faits, le MPC a rappelé que Valcke faisait l’objet d’une autre procédure pénale.

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