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Une Zurichoise remplacera un Appenzellois à la tête du PAM en Syrie

La situation à Idlib pourrait être bien plus "catastrophique" que dans d'autres villes syriennes en raison de la dimension de la population selon un Suisse à l'ONU (archives). KEYSTONE/EPA/MOHAMMED BADRA sda-ats

(Keystone-ATS) La Zurichoise Corinne Fleischer va remplacer fin mai l’Appenzellois Jakob Kern comme cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM) en Syrie. Après deux ans et demi sur place, celui-ci a mis en garde mardi à Genève contre une “catastrophe” en cas d’offensive à Idlib.

Le PAM distribue de la nourriture à quelque 800’000 personnes parmi les 2 millions qui se trouvent dans cette région syrienne. Une aide apportée au travers de partenaires locaux tant la situation est “trop dangereuse”, a dit devant la presse M. Kern qui va sensibiliser des donateurs avant de devenir chef de la logistique du PAM.

Certaines parties tentent d’interférer dans les priorités de la distribution mais sans succès. Après Alep, Raqa ou la Ghouta orientale, une offensive sur Idlib serait “une catastrophe bien plus importante” en raison de la dimension de la population, constituée déjà de nombreux déplacés. D’où l’importance d’une solution politique, dit le directeur du PAM en Syrie.

Globalement dans le pays, la nourriture arrive jusqu’aux bénéficiaires sans détournement depuis que la plupart des sièges ont été levés. “Ce n’est pas un grand problème, de manière surprenante”, dit M. Kern. Le PAM n’a toujours pas directement accès à la Ghouta orientale mais il peut acheminer de la nourriture grâce au Croissant-Rouge syrien. Selon M. Kern, environ 200’000 civils restent dans l’enclave.

Plusieurs centaines de milliards de dollars

Il a lui-même pu se rendre il y a quelques semaines à Raqa reprise il y a quelques mois aux djihadistes de l’Etat islamique (EI). En raison des nombreux restes explosifs dans cette ville, la situation n’est pas non plus favorable à une intervention directe du PAM. Celui-ci oeuvre au travers de partenaires là aussi pour aider 50’000 personnes mais ne veut pas débuter une distribution trop “forte” qui laisserait penser que la sécurité est garantie.

Plus de 100’000 personnes sont déjà rentrées. “Les gens ne devraient pas habiter” dans une ville dont il faudra des années pour nettoyer des explosifs, dit M. Kern.

Dans l’ensemble du pays, l’ONU et d’autres acteurs “ont certainement évité une famine”, selon lui. Les largages à Deir Ezzor, désormais accessible par la route depuis septembre dernier, ont contribué à sauver de nombreuses personnes parmi les 100’000 civils assiégés. Seuls 2% de pertes ont été observées.

Après quatre millions de personnes en 2017, le PAM va aider trois millions de civils en 2018 en Syrie. La reconstruction prendra du temps étant donné le nombre de pays qui sont actifs militairement, selon M. Kern. Elle demandera jusqu’à 300 milliards de dollars.

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