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Unia exige une véritable politique industrielle

Le syndicat Unia exhorte les autorités politiques à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la désindustrialisation de la Suisse. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Unia appelle dans un manifeste les autorités politiques à faire cesser “le massacre” dans l’industrie suisse. Il faut d’urgence changer de cap face à la menace de désindustrialisation, s’alarme le syndicat.

Unia exige du Conseil fédéral qu’il déploie une véritable politique industrielle. A l’issue de la journée de l’industrie à laquelle quelque 500 salariés ont participé, le syndicat a transmis vendredi ses revendications et ses propositions à la Chancellerie fédérale.

“Quiconque s’en prend à l’industrie est le fossoyeur de la Suisse. Si cette politique de démontage continue, de graves conflits sociaux menacent”, avertit Unia. Le syndicat vise en particulier la Banque nationale suisse (BNS), qui “précipite la désindustrialisation de la Suisse”.

La BNS viole la Constitution

Aux yeux d’Unia, le président de la BNS, Thomas Jordan, ne sert que la place financière et viole la Constitution, en ne respectant pas l’article 99 qui prévoit que la Banque nationale doit servir “les intérêts généraux du pays”. Unia demande au Conseil fédéral et au Parlement d’arrêter immédiatement la politique du franc fort.

Loin de se contenter de tirer à boulets rouges sur la BNS, le syndicat s’inquiète également de l’avenir de l’industrie suisse et de l’impact de la quatrième révolution industrielle sur “nos habitudes de travail et nos modes de vie”.

Durée du temps de travail

Fustigeant la logique du capitalisme financier, Unia exige que la protection des travailleurs passe avant celle des actionnaires. Le syndicat réclame une protection efficace contre les licenciements. Il exige encore que la Constitution accorde au travail un statut privilégié qui soit inviolable.

Parmi les défis à affronter, le syndicat mentionne l’extension de la durée du travail et la disponibilité exigée au-delà des horaires officiels. Unia veut limiter la disponibilité temporelle des travailleurs, en introduisant par exemple des périodes où le personnel n’est pas censé être en ligne.

Soutien aux bilatérales

Mais avant toute chose le Conseil fédéral doit rapidement convoquer une grande conférence publique tripartite sur la Suisse industrielle et l’industrie 4.0, exige l’organisation dans son “manifeste pour une Suisse industrielle”.

Autre motif d’inquiétude: la mise en oeuvre de l’initiative contre l’immigration de masse, qui risque de créer des discriminations parmi la main-d’oeuvre, de conduire au dumping salarial et menace les relations avec l’Union européenne (UE). Le syndicat tient à ce que dans un avenir proche, un nouveau scrutin porte sur les relations avec l’UE et sur la libre circulation des personnes.

Investissements nécessaires

Unia demande aux collectivités publiques de mener une politique industrielle “offensive” et d’investir “là où c’est utile à l’intérêt général”. Le syndicat propose à cette fin la création d’un fonds de soutien à la production, “suffisamment doté pour offrir une alternative au crédit bancaire”. Ce fonds devrait s’engager en faveur des petites et moyennes entreprises (PME).

La balle est maintenant dans le camp du Conseil fédéral et du Parlement: “A eux d’agir pour enrayer la destruction de la place industrielle suisse”, conclut Unia.

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