Des perspectives suisses en 10 langues

Urs Burkard convaincu du bien-fondé de la vente à Saint-Gobain

(Keystone-ATS) Urs Burkard, l’un des héritiers de Sika, réitère la légitimité de la vente au français Saint-Gobain de la participation familiale dans le groupe zougois de spécialités chimiques. “Nous n’avons rien commis de contraire au droit”, dit-il dans la Schweiz am Sonntag.

Le feuilleton du conflit opposant les dirigeants réfractaires de Sika au géant industriel Saint-Gobain entrera dans sa deuxième année mercredi. L’occasion pour Urs Burkard de répéter le bien-fondé de la démarche consistant pour la famille héritière à céder la participation offrant le contrôle de Sika au groupe français.

“La famille a simplement décidé de se séparer de l’entreprise, ce qui visiblement apparaît comme plus difficile qu’un divorce”, explique Urs Burkard dans une interview accordée à l’hebdomadaire alémanique Schweiz am Sonntag. Pour mémoire, l’homme est le seul héritier à siéger au sein du conseil d’administration de Sika.

Paroles diffamatoires

Le choix de vendre à Saint-Gobain divise depuis des mois les observateurs. Si certains voient dans le géant industriel français une belle opportunité, beaucoup ont dénoncé la décision de vendre de la famille héritière, y voyant un acte cupidité de sa part.

“Ces paroles diffamatoires m’ont laissé indifférent”, note Urs Burkard. Les attaques ont été massives les premières semaines. “Nous n’avons pratiquement pas eu le loisir d’expliquer, personne n’était là pour nous écouter. Il était plus facile de traîner la famille dans la boue”, souligne-t-il.

Au-delà, Urs Burkard, 58 ans, considère toujours la décision de vente à Saint-Gobain comme juste. “Quand la famille n’assume plus de fonction opérationnelle au sein de Sika, il est temps de se séparer de cet engagement”, argumente-t-il.

Question de promesse

Concernant le moment de la cession du paquet d’actions, annoncée le 8 décembre 2014, Urs Burkard rappelle les motivations strictement familiales: “Nous, les cinq frères et soeurs, avions promis à notre mère de pas vendre tant qu’elle serait en vie. Nous avions aussi évalué avec elle d’autres scénarios de sortie.”

Le fait pour la famille héritière de céder les actions à un prix favorable pour elle à Saint-Gobain, grâce à l’octroi d’une prime, prétérite les autres actionnaires. Reste que la clause d’opting out (clause de sortie) est parfaitement légale, légalité confirmée dans un arrêt du Tribunal administratif fédéral (TAF) début septembre.

“Les caisses de pension doivent relire les statuts et ne pas se lamenter après coup”, indique Urs Burkard. Vouloir changer des règles du jeu bien établies n’est pas valable à ses yeux. Par ailleurs, tous les actionnaires profiteront des synergies liées au passage de Sika dans le giron de Saint-Gobain.

Pas de compromis

En conclusion, Urs Burkard, qui possède une entreprise de menuiserie et d’aménagement intérieur, répète ne pas vouloir d’un compromis. “Nous avons signé un contrat parfaitement conforme au droit”, lance-t-il en direction des détracteurs. “Notre famille a de la patience et nous attendrons les décisions des tribunaux.”

En décembre 2014, Saint-Gobain a conclu un contrat proposant 2,75 milliards de francs aux membres de la famille du fondateur de Sika pour racheter leurs parts. Celles-ci se montent à 16,1% du capital, mais elles représentent 52,4% des droits de vote.

Pour l’heure, les positions des uns et des autres demeurent figées. Il y a deux mois, le directeur général de Saint-Gobain a affirmé que le projet “avançait doucement”. Jeudi dernier, le président de Sika, Paul Hälg, a adressé une lettre ouverte aux actionnaires du groupe français où il répète les raisons de son refus de la transaction.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision